L'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, retrouvera aujourd'hui et demain à Skhirat, au Maroc, les représentants du Parlement parallèle de Tripoli (non reconnu), pour une réunion cruciale, voire de la dernière chance, dans un contexte marqué par une inquiétante montée de la menace terroriste du groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech). Le président de la commission politique du Congrès général national (CGN, Parlement parallèle de Tripoli), Tahar Mekki, a confirmé hier la participation de son équipe à la réunion de Skhirat, a rapporté la chaîne de télévision proche du gouvernement de Tripoli (non reconnu), Al-Anbaa News channel. Ce dernier a insisté sur la "nécessité de revoir le contenu de l'accord" paix de l'ONU, avant sa signature, alors que Bernardino Leon a déjà proposé d'intégrer en annexe les revendications du CGN, sans toucher le texte qui a été signé par le Parlement exilé de Tobrouk, le seul représentant légitime des Libyens au niveau international. En tout cas, la réunion de Skhirat s'annonce difficile, mais la médiation internationale continue de croire que le CGN finira par signer l'accord de paix qui permettra la formation prochainement d'un gouvernement d'union nationale, condition nécessaire pour obtenir l'aide militaire que la Ligue arabe avait promis d'apporter à la Libye afin de lutter contre Daech à Derna, à Benghazi, Syrte et à Sebratha, une localité proche de la frontière tunisienne. En attendant les résultats de cette réunion, celle programmée par les membres de la Ligue arabe pour aujourd'hui au Caire, pour discuter de l'éventuelle création d'une force armée conjointe, a été reportée à la dernière minute, a annoncé hier soir le secrétariat général de cette organisation dans un communiqué. Le gouvernement de Tobrouk a sollicité les pays arabes pour mener des frappes contre Daech à Syrte et les autres villes où il tente de s'implanter, mais il a refusé toute présence de troupes sur le sol libyen. L'Algérie a donné son accord pour fournir l'aide militaire demandée par la Libye, mais elle a conditionné cette aide par l'aboutissement du dialogue politique et la formation d'un gouvernement d'union nationale. D'où l'importance de la réussite de la réunion de Skhirat si l'ensemble des acteurs impliqués dans cette crise ne veut pas assister au chaos programmé dans le cas d'une fusion de Daech avec Boko Haram, le mouvement terroriste islamiste du Nigeria. L. M.