L'envoyé spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, a annoncé jeudi soir la tenue d'une nouvelle rencontre avec le Conseil général national (CGN, Parlement non reconnu de Tripoli) pour tenter de trouver un terrain d'entente en prévision de la signature de l'accord de paix de Skhirat (Maroc). "Cela intervient dans le cadre des consultations intensives entre les parties libyennes concernées et les membres de la médiation internationale", lit-on dans le communiqué diffusé hier sur le site de la mission onusienne en Libye. Le CGN a rencontré Bernardino Leon à Alger, au début de ce mois, en présence du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, mais aucune avancée politique n'a été enregistrée. Le Parlement parallèle de Tripoli, sous le contrôle des milices islamistes, dominées par Fajr Libya, a rejeté l'accord de Skhirat, estimant qu'il ne répondait pas à ses attentes. Mais depuis la réunion d'Alger, la pression internationale s'est accentuée sur Fajr Libya, notamment de la part des Etats-Unis et du Royaume-Uni qui n'ont pas caché leur intention de recourir à d'autres solutions que le dialogue politique, si cette coalition de milice ne signait pas l'accord en question. La réunion de lundi sera-t-elle, donc, l'occasion pour achever la première phase de ce dialogue inter-libyen, en panne depuis des semaines, malgré les assurances répétées par la médiation internationale ? Pas si évident que cela puisse paraître, car de gros intérêts sont en jeu dans une Libye, livrée au chaos politique et sécuritaire et menacée par l'expansion de l'Etat islamique, communément appelé Daech, son acronyme en arabe. La nébuleuse terroriste contrôle déjà Syrte, la ville natale du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi, grâce à l'aide des partisans de l'ancien colonel, mort en octobre 2011, au lendemain de l'intervention militaire de l'Otan. Mais l'objectif de Daech est le contrôle de larges pans de la bande côtière libyenne, plus précisément les villes où est concentrée l'industrie pétrolière, comme à Benghazi, où sa tentative d'implantation est contrariée, jusqu'ici, par la présence des troupes libyennes, loyales au gouvernement de Tobrouk, internationalement reconnu. Cela n'exclut pas un retournement de situation, car de nombreux groupes et miliciens pourraient se rallier à Daech, comme cela est le cas à Syrte. Les divisions qui minent les parties libyennes ont offert un terrain propice à l'implantation de l'Etat islamique en Libye. Ce mouvement peut toujours compter sur les défections enregistrées au sein de ces centaines de milices qui écument le pays. Dans les rangs de la coalition islamiste Fajr Libya, il est fort probable que ce genre de défection intervienne, si une partie signe l'accord de Skhirat, dans son état actuel. De nombreux hommes armés ont rejoint Daech parce qu'ils se disent trahis par les nouvelles autorités du pays, que ce soit celles de Tobrouk ou leurs rivales parallèles de Tripoli. Et, même si les partisans d'une intervention étrangère, pour venir à bout de l'Etat islamique, sont nombreux, le règlement de la crise libyenne par la voie diplomatique demeure l'unique et ultime option, observent de nombreux spécialistes qui interviennent dans les médias. L.M.