La wilaya de Dakhla, dans les camps de réfugiés sahraouis, abritera à partir d'aujourd'hui, le 14e congrès du mouvement de libération nationale de la Saguia el-Hamra et Rio de Oro, le Front Polisario. Sous le slogan "Force, planification et volonté pour imposer l'indépendance nationale et la souveraineté", la manifestation qui durera jusqu'au 20 décembre, accueillera quelque 2 500 délégués sahraouis, y compris des territoires occupés du Sahara occidental et de la diaspora, ainsi que de nombreuses délégations étrangères d'Afrique, dont celles de l'Algérie et de l'Afrique du Sud, d'Amérique latine, d'Asie et d'Europe. Cette année, le congrès intervient, quelques jours à peine après l'affirmation par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) de la force du droit international, à travers l'annulation (avec effet immédiat), le 10 décembre dernier, de l'accord de mars 2012 entre le Maroc et l'UE, sur la libéralisation du commerce des produits agricoles et halieutiques, du fait qu'il englobe le Sahara occidental occupé. Ce verdict remet les pendules à l'heure de la légalité internationale, puisqu'il établit la capacité de Front Polisario, seul et unique représentant du peuple sahraoui, à agir en justice, et s'aligne notamment sur les positions de la communauté internationale et des Nations unies, que d'ailleurs tout le monde con-naît, à savoir que le Maroc n'a aucune souveraineté sur le "territoire non autonome" du Sahara occidental. Plus important, cet arrêt va demeurer le témoin de la déposition, faite noir sur blanc, par la Commission européenne devant la justice de l'UE, d'une déclaration annonçant que le territoire du Maroc s'arrête aux "frontières historiques", qu'il se distingue donc nettement du territoire sahraoui qui, lui, attend d'être décolonisé. Pour l'Algérie, la décision du tribunal de l'Union européenne s'inspire de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice des Nations unies, du 16 octobre 1975, et "vient consacrer à nouveau la légalité internationale et rendre ainsi justice au peuple du Sahara occidental". Pour les autorités d'Alger, ce verdict constitue "un net désaveu de la politique du fait accompli du Maroc" et réaffirme, si nécessaire, que "l'exploitation des ressources naturelles de ce territoire par la puissance occupante (le Maroc) est illégale". Par ailleurs, le 14e congrès du Polisario survient près d'un mois après la visite du médiateur de l'ONU, l'Américain Christopher Ross, dans la région, afin de relancer "rapidement" le processus de négociation entre les deux parties en conflit (Front Polisario et Maroc), qui doit aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui. Lors de son briefing au Conseil de sécurité, M. Ross a d'ailleurs rappelé qu'il a été chargé par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, "d'intensifier" les efforts au processus de paix pour parvenir à un accord sur le statut définitif du Sahara occidental. Non sans déplorer le "refus" du Maroc à toute négociation entrant dans ce cadre et son interdiction de visiter les territoires sahraouis occupés. Ce qui a fait réagir le secrétariat général de l'ONU qui, par la voix de Farhan Haq, porte-parole adjoint de Ban Ki-moon, a assuré qu'il continuera à "défendre le droit de Ross de visiter l'ensemble des endroits du territoire (sahraoui), qui font partie de son mandat". Notons enfin que le SG de l'ONU est attendu prochainement dans la région : cette visite prévue en janvier 2016 s'annonce décisive pour l'avenir du peuple sahraoui. Quelles décisions émaneront alors de ce congrès ? Cette question est aujourd'hui capitale, surtout que les assises de Polisario coïncident cette année avec le 40e anniversaire de l'occupation marocaine et le 24e anniversaire du cessez-le-feu, avec leur lot de violations, de pillage des ressources naturelles, de souffrances, de batailles, mais aussi de promesses pour la tenue du référendum d'autodétermination. H.A.