Les intervenants ont plus tenu à répondre à l'opposition parlementaire, lui signifiant qu'ils n'allaient pas prendre en compte son "cri d'alerte" sur "les dangers du projet de loi pour le citoyen et l'économie nationale". Comme il fallait s'y attendre, le projet de loi de finances 2016 a été voté, hier, par les membres du Conseil de la nation. Dès l'entame des débats, lundi passé, le ton était donné. Les interventions des sénateurs inscrits pour le débat ont vite annoncé la couleur : le texte de loi passera comme une lettre à la poste. Ce qui s'est réellement produit. Dans leurs interventions, exception faite de celles des parlementaires du FFS et de celle de Zohra Drif-Bitat, sénatrice désignée dans le cadre du tiers présidentielle et signataire de la lettre des "19" à Bouteflika, les intervenants ont plus tenu à répondre à l'opposition parlementaire, lui signifiant qu'ils n'allaient pas prendre en compte son "cri d'alerte" sur "les dangers du projet de loi sur le citoyen et l'économie nationale". Les intervenants ont choisi plutôt de répliquer et d'accuser les députés de l'opposition. Dans leur réquisitoire, ils ont reproché aux députés de l'opposition d'avoir engagé un "débat stérile", versé "dans le populisme" et fait "dans la surenchère politique" pour s'opposer à un texte "particulier" confectionné "dans une conjoncture particulière". Donc, contre toute attente, le texte est validé tel qu'il a été présenté par l'Exécutif, contrairement aux débats houleux que le même texte a provoqués à l'Assemblée nationale où des scènes de révolte ont émaillé les travaux de plénière du 30 novembre écoulé consacré au vote des articles du projet de loi. À l'ouverture des travaux de la plénière sous la présidence d'Abdelkader Bensalah, le responsable de la commission des finances du Sénat a tenu à rassurer "sur les bonnes intentions" des pouvoirs publics. Le même responsable s'en est pris à l'opposition qui sème, selon lui, "le découragement et le doute chez les citoyens". "Il faut lire les dispositions contenues dans ce projet de loi dans le fond", a-t-il justifié, soulignant que la conjoncture actuelle, marquée par la chute des prix du pétrole, "impose ces choix". Dans la foulée, le président de la commission des finances a évoqué le taux des transferts sociaux comme "un gage" de l'engagement "du gouvernement à maintenir la politique sociale" dont il ne pourra "se départir". Reprenant la parole pour le vote, Abdelkader Bensalah a informé que le quorum était atteint avec la présence de 94 membres, munis de 29 procurations. Lors du vote, à main levée, du projet de loi, seul le sénateur du Front des forces socialistes s'est opposé. Moussa Tamardataza, qui a aussi voté pour Brahim Meziani, sénateur de la même formation, contre le projet était le seul à exprimer son rejet du texte présenté, contrairement aux autres présents qui ont validé à l'unanimité, sans même enregistrer des abstentions. À l'issue de la séance, Abderrahmane Benkhelfa, ministre des Finances, a salué ce vote qui constitue, selon lui, "un soutien à l'action du gouvernement" et "une valeur ajoutée" aux efforts de l'Exécutif dans sa quête de mettre sur pied "une économie diversifiée". Maintenant que le texte est validé par les deux chambres du Parlement, il ne lui manque que la signature de Bouteflika, lui-même saisi par l'opposition parlementaire, pour qu'il soit promulgué.