Le lobby de la friperie réussit son passage en force. S'appuyant sur le caractère important du texte et le facteur temps, le bureau de M.Bensalah n'a pas retenu la proposition des sénateurs, à savoir le vote du texte, article par article. La proposition des sénateurs n'a pas tenu la route. Le blocage de l'article 123 autorisant l'importation du chiffon n'est pas garanti. Les sénateurs, qui se sont opposés à cet amendement, verront le projet passer comme une lettre à la poste. Même si la plupart des sénateurs sont contre, il n'en demeure pas moins que le projet sera voté. Des sénateurs ont demandé que le projet de loi de finances complémentaire 2011 soit voté article par article pour rejeter l'article sur l'importation du chiffon. Cette proposition n'a pas été retenue par le bureau de M.Bensalah. Pourquoi? Le vote, article par article, risque de faire traîner les choses. En cas de rejet d'un article, une commission paritaire regroupant les deux chambres se constitue pour revoir ce texte. Il faut attendre au moins deux mois pour que le projet soit reconduit. Vu que la session parlementaire de printemps tire à sa fin, les sénateurs n'ont pas assez de temps pour faire pression. La clôture de la session aura lieu probablement, le 14 juillet prochain, selon notre source. Prenant acte du facteur temps et du caractère important du projet en question, le bureau de M.Bensalah a rejeté la demande des sénateurs. «On ne peut pas bloquer cette loi, car il s'agit de la loi de finances complémentaire 2011 qui concerne le budget de l'Etat», a affirmé le rapporteur de la commission juridique, M.Deradji. Ce sénateur FLN déplore le fait qu'un article pareil soit maintenu. «C'est terrible qu'une telle décision soit proposée par des députés alors qu'elle porte atteinte à la production nationale», a-t-il affirmé. Ce sénateur reconnaît que la LFC 2011 comporte de nombreux avantages, mais le seul point qui fâche c'est l'article 123. «C'est difficile de bloquer toute une loi pour un article», avoue un autre sénateur qui en avait gros sur le coeur. Les sénateurs seront obligés de voter pour sans conviction. La séance de vote aura lieu cet après-midi. Selon une source, le secrétaire général du FLN a donné instruction pour voter cette loi. Le RND a également ordonné de passer le mot. Ainsi, les sénateurs n'ont pas d'autre choix que de lever la main. Cette question a fait l'objet de plusieurs consultations au sein du Sénat. Certes, les sénateurs n'ont pas réussi à faire barrage aux députés, mais ils en tirent une leçon. Pour eux, cet antécédent va servir justement à réclamer davantage la révision du règlement intérieur. Les sénateurs revendiquent le droit d'amender et de faire des propositions. «C'est une leçon pour nous, afin de réclamer la révision de la loi organique», affirme un sénateur du FLN. Le passage des projets de loi au Conseil de la Nation est devenu une formalité. Le secrétaire général du FLN a appelé récemment, à donner plus de prérogatives au Sénat afin qu'il puisse enrichir les textes soumis à l'examen. Le maintien de la proposition des députés sur l'importation du «chiffon» a fait couler beaucoup d'encre. Même le gouvernement a été vivement critiqué quant à sa position de cautionner l'importation du chiffon. Paradoxal, il entend réduire les importations, mais il a accepté la proposition des députés. Une décision vivement dénoncée par la Fédération nationale du textile et cuir qui a tiré la sonnette d'alarme. Son secrétaire général, Amar Takjout, considère que cette décision est contraire à la volonté affichée par le gouvernement de relancer le secteur du textile et du cuir en lui injectant 2 milliards de dollars.