Les membres du Sénat ont défendu la copie du gouvernement et dénoncé les initiateurs de la pétition visant à bloquer le projet de loi de finances 2016. L'appel lancé par les élus de la Chambre basse du Parlement à leurs collègues sénateurs pour dénoncer le plus controversé des projets de loi de finances qu'a connus la législature pluraliste n'a pas été, selon toute vraisemblance, entendu. Hier, au premier jour des débats autour du PLF 2016, les premiers intervenants ont saisi la tribune du Conseil de la nation pour répondre aux députés de l'opposition et à tous ceux qui ont qualifié ce texte d'«antisocial» et de «projet de la honte». Le ton est, d'ailleurs, donné par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. A l'entame des travaux, avant la présentation du texte par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, M. Bensalah a invité les sénateurs à ne pas entraîner le Sénat dans des débats stériles qui, de surcroît, ne le concernent pas. En somme, il a appelé les élus à discuter seulement des dispositions présentées par le gouvernement. Trente sénateurs se sont inscrits pour participer au débat, qui s'étalera sur deux jours. Et sur les douze qui se sont exprimés dans la matinée d'hier, seul l'élu FFS Tamadartaza Moussa a osé critiquer les dispositions contenues dans la LF 2016. Répercutant la position des députés de son parti, il a estimé que la loi de finances, qui est la deuxième loi qui gère un pays, doit être ouverte vers la construction véritable d'un Etat de droit et de tous les droits et doit avoir comme matrice la justice sociale et la distribution équitable des richesses. Or selon M. Tamadartaza, cette loi de finances renferme des articles dangereux et antidémocratiques ; il cite les articles 2, 55 et 66 qui «portent atteinte à la souveraineté» nationale. Ce sénateur du plus vieux parti de l'opposition a reproché au gouvernement la légèreté dont il a fait preuve en matière de communication ainsi que le flou qui caractérise les articles portant sur la privatisation. «Le gouvernement n'a fait aucun effort pour expliquer et apporter les arguments nécessaires concernant les nouvelles taxes introduites dans la LF 2016. Le citoyen n'a pas à payer la facture de la mauvaise gestion de nos dirigeants», lance l'élu FFS. Et de rappeler que les membres du Sénat ont été destinataires d'une pétition de leurs collègues de l'APN, leur signifiant leur opposition à la LF 2016 approuvée le 30 novembre par les députés de la majorité. Il a été expliqué à chacun des sénateurs «les moyens antidémocratiques dont le gouvernement et ses relais ont usé pour faire passer en force ce texte à l'APN». Il est aussi question, dans cette pétition, d'attirer l'attention des sénateurs sur les dangers que ce texte fait peser sur le pays, sur les deniers publics, sur la cohésion nationale et sur le sort de la nation et des institutions de l'Etat et sa souveraineté. En réponse à cette pétition, El Hachemi Djiar, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et sénateur du tiers présidentiel, et Abbas Bouamama (élu RND) ont vivement critiqué les initiateurs de cette pétition et dénoncé les attaques contre les institutions de l'Etat : «Les institutions de l'Etat ne sont ni en hibernation ni paralysées. Il faut que cessent ces attaques.» Djiar récuse dans le fond et dans la forme les accusations des partis de l'opposition et défend la copie du gouvernement : «Ce projet de loi de finances n'a été élaboré ni pour sanctionner le citoyen pauvre ni pour servir les hommes riches. Il a été élaboré dans une conjoncture particulière.» Abbas Bouamama invite, quant à lui, l'opposition à «un peu de retenue» et estime que ce projet n'a pas pour objectif d'affamer le citoyen. «C'est une honte de dire que les nouvelles dispositions contenues dans la LF 2016 visent à affamer et à sanctionner les citoyens. Ce projet tout à fait ordinaire a été élaboré dans une conjoncture peu ordinaire», affirme le sénateur RND. Pour cet élu, l'opposition est en campagne électorale qui ne dit pas son nom, d'où son agitation et son acharnement contre ce projet de loi. «L'opposition ne se soucie guère des préoccupations des citoyens, son acharnement contre ce texte de loi obéit à une arrière-pensée politique», accuse-t-il. Aujourd'hui, il est attendu les interventions de Mme Zohra Drif Bitat, des chefs de groupe parlementaire ainsi que les réponses du ministre. Le vote relatif à la LF 2016 est prévu pour demain.