La coopération judiciaire a été au centre de la visite de la ministre française La question des Algériens de Guantanamo et l'affaire des moines de Tibhirine ont été abordées par les deux ministres, sans complexe. On ne peut raisonnablement pas recevoir un ministre français de la Justice en Algérie, sans que la question des «moines de Tibhirine» ne soit abordée. Mme Taubira qui s'attendait certainement à ce que la presse aborde ce chapitre des relations algéro-françaises a assuré que «les familles attendent toute la lumière autour de ce sujet. Notre rapprochement va dans ce sens. Il y a quelques actes d'expertises qui iront vers la clôture de ce triste dossier». L'autre dossier brûlant qui n'échappe jamais aux questions des journalistes est en rapport avec les Français ayant rejoint les zones de guerre au Proche-Orient. «Leur nombre est de 2000, dont 600 en Irak. Sur le terrain plus de 250 en zone de transit et 250 qui sont revenus. 145 décédés», a résumé la ministre française, Tayeb Louh, lui, a répondu autour des détenus de Guantanamo où des Algériens sont encore sans jugement. «Ils sont 26 dont la majorité a été prise en Afghanistan. 18 ont été remis à l'Algérie», informe Tayeb Louh. Certains d'entre eux ont comparu devant un tribunal algérien. Il y a eu des condamnations et des acquittements. A propos d'une certaine forme de passivité de la part des Etats face aux finances que détiennent les terroristes, dont Daesh qui vend son pétrole à des compagnies occidentales, notamment, Taubira répond que «la lutte contre le financement du terrorisme est une priorité pour la France». Cela, sans omettre de souligner qu'«il y a aussi les circuits financiers internationaux, pas seulement le pétrole revendu pour...rien». Cela pour les aspects qui font l'actualité brûlante. Sinon, la seconde journée de la visite de Christiane Taubira, ministre française de la Justice, garde des Sceaux, a porté sur une cérémonie de signature de convention de coopération judiciaire et institutionnelle, appelée à se développer à l'avenir entre l'Algérie et la France. La coopération judiciaire a été au centre de la visite de la ministre française et il a été question de suivre, pas à pas, la réactualisation des conventions lorsque la nécessité le veut, surtout qu'avec la France «il n'y a pas, selon Taubira de points de désaccord». «Notre perception est convergente», dira plus tard Louh qui a aussi eu l'occasion de revenir sur les nombreux volets: la justice familiale, civile, surtout la «familiale» où les douleurs sont perceptibles pour les familles. Après quoi, on passe aux speechs de rigueur en vue de montrer toute la coopération entre les deux pays. Tayeb Louh a assuré son hôte de l'engagement de son pays de la qualité de la coopération dans tous les domaines. Abordant le terrorisme, Louh a saisi l'occasion pour renouveler la sympathie de l'Algérie envers les victimes du 13 novembre 2015 à Paris. «C'est naturel pour l'Algérie de dire sa solidarité car elle a vécu toute seule le terrorisme, loin des caméras internationales», dira-t-il. Rappelant les épreuves endurées par l'Algérie, le ministre de la Justice a souligné également «la résistance de notre peuple et à la sagesse du président de la République qui a su prendre le problème par le bon bout et arriver à la Réconciliation nationale et permettre à l'Algérie de retrouver la paix». Evoquant les méfaits du terrorisme international dans le monde, Louh a mis en avant la nécessité d'une collaboration internationale pour faire face au fléau et estimé que les relations bilatérales algéro-françaises «sont un exemple en matière de consolidation de la coopération. La pose de passerelles est nécessaire pour un monde meilleur». De son côté, Christiane Taubira a déclaré avoir «rencontré des femmes qui m'ont rappelé leur cauchemar d'avoir vu l'Algérie seule livrant un âpre combat face aux hordes terroristes. Oui, dix années d'enfer ont fait que l'Algérie s'en est sortie fière et encore plus vigilante». La ministre française qui semble sensible au drame algérien des années 1990 donne l'impression d'être admirative devant la résistance des Algériens. «Votre jeunesse qui vit au rythme de ce qui se fait à travers le monde a besoin de paix et d'activités multiples en vue de bâtir un avenir rassurant. L'autorité judiciaire est toujours là lorsqu'on lui fait appel. Nous faisons face au terrorisme, et vous, Algériens, avez une longue expérience. Nous travaillons avec vous dans la lutte appelée par nos peuples. Il faut ajouter nos méthodes de lutte quotidienne», a-t-elle souligné, non sans affirmer sa conviction d' «étrangler le terrorisme pour la confiscation de ses moyens financiers et logistiques, et qui utilise la terreur de masse en recrutant partout de la chair à canon.» Et de conclure: «Mettons fin à cette perversité en additionnant nos moyens. Il faut se charger de la jeunesse dont un important contingent est envoyé frapper leurs pays d'origine.» Bouteflika reçoit la ministre française de la Justice Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier, à Alger la ministre française de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui effectue une visite de travail en Algérie. L'audience s'est déroulée en présence du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel..