Les ravisseurs ont sévi cette année. Leur cible privilégiée, de vulnérables enfants et écoliers, proies de pervers, mais souvent objets de chantage dans des conflits d'adultes qu'ils paient, malheureusement, en victimes collatérales, de leur vie. Les enlèvements d'enfants ont créé une véritable "psychose sociale" en cette année 2015. Le 26 novembre 2015, le corps inanimé d'un petit garçon, âgé de 5 ans, est découvert dans un égout à Mila. Anes Berdjem avait été enlevé quelques jours plutôt par des inconnus, non loin de la maison où habitent ses grands-parents. Une semaine plutôt, soit le 20 novembre, Abderahmane Grine, un autre petit garçon, est retrouvé mort dans une forêt. Lui aussi avait été enlevé. Ces deux affaires resteront gravées à tout jamais dans la mémoire collective. Elles auront aussi démontré l'élan de solidarité qui s'est immédiatement mis en place et l'incroyable compassion dont a fait preuve la population qui venait d'être frappée, encore une fois, par une nouvelle tragédie : l'enlèvement d'un enfant. Oui, car un an plutôt, un bébé a été kidnappé par des inconnus à la maternité du CHU Ibn-Badis de Constantine. Dans cette affaire, l'on se rappelle tous l'extraordinaire mobilisation des habitants de la cité, dans la rue mais aussi sur les réseaux sociaux. C'est ce qui a permis, entre autres, de retrouver le petit Leith, 17 jours plus tard, dans la commune de Tamalous, à Skikda. En 2013, Haroun et Brahim, âgés de 9 et 10 ans, ont été également enlevés à Constantine. Mais leur sort fut différent. Ils ont été froidement assassinés par leurs bourreaux, deux repris de justice. Aujourd'hui, ce genre de crime occupe l'actualité de temps à autre, mais les statistiques révèlent une toute autre réalité. En effet, depuis 2013, au moins 250 cas d'enlèvement ont été signalés sur tout le territoire. Mais ce qui confirme davantage les craintes des parents est que les ravisseurs sont, dans la plupart du temps, des proches ou des personnes qui évoluent dans l'environnement de leur victime. Par ailleurs, même s'il est inhabituel dans notre société, le phénomène des enlèvements d'enfants reste réel. Il a, d'ailleurs, soulevé une vague d'indignation à travers tout le pays, et par là même relancé le débat sur les dispositifs mis en place pour la protection des enfants -qui restent inefficaces jusqu'à un certain point- ou sur la nécessité de rétablir la peine de mort contre les ravisseurs d'enfants. L. N.