Les Libyens ont débuté l'année 2015 avec le lancement d'un dialogue inclusif inter-libyen sous l'égide de l'ONU et la terminent avec la signature d'un accord de paix devant ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement d'union nationale. En onze mois de discussions, fragmentées en plusieurs processus qui se sont déroulés à Skhirat (Maroc), à Alger, au Caire et à Tunis, les deux gouvernements parallèles de Tripoli (non-reconnu) et de Tobrouk (reconnu) ont été contraints de parapher le document onusien en dépit de la persistance de nombreux points de discorde, notamment celui concernant l'armée. Ennemie déclarée de l'ancien général à la retraite Khalifa Haftar, la coalition d'islamistes, Fajr Libya de Tripoli, appuyée par les Frères musulmans turcs, le Qatar et l'Arabie Saoudite, tentent de l'évincer. Ce n'est pas le cas du gouvernement exilé à Tobrouk (soutenu par les Emirats arabes unis et l'Egypte) qui l'a nommé à la tête de l'état-major de l'armée loyale qui combat aussi bien les milices dans l'est libyen que les groupes terroristes islamistes, à leur tête Ansar al-Charia (Al-Qaïda) et l'organisation autoproclamée Etat islamique qui contrôle Syrte (centre) et une partie de Derna (nord-est) et Sabratha (nord-ouest). Le gouvernement de Tobrouk considère d'ailleurs que la question de l'armée est une ligne rouge que personne ne doit franchir, y compris la communauté internationale, alors que Daech avance en Libye, la formation d'un gouvernement d'union nationale et le dépassement de ces rivalités personnelles sont plus qu'une urgence pour éviter une scission de la Libye et un embrasement sécuritaire de la région d'Afrique du Nord et du Sahel où pullulent les groupes terroristes, prêts à unir leurs forces pour semer le chaos.