La défaite subie par l'Etat islamique à Derna, dans l'est libyen, est une preuve que cette organisation peut être vaincue en Libye. Mais il faudrait que les Libyens se mettent d'accord sur un gouvernement d'union nationale, comme le souhaite l'ONU, parrain du dialogue interlibyen. Les "combattants" étrangers continuent d'affluer en Libye, pour compenser les pertes subies récemment par la branche locale de l'Etat islamique à Benghazi et à Derna (est), selon les médias locaux qui citent des sources proches de l'armée loyale au gouvernement de Tobrouk, internationalement reconnu. Ainsi, six anciens officiers de l'armée irakienne, du temps de l'ancien régime du président déchu Saddam Hussein, sont arrivés en Libye, en provenance de l'Irak, sur ordre du chef de l'Etat islamique, Abu Bakr al-Baghdadi, a rapporté Libya news24, citant une source haut placée au sein de l'armée libyenne que dirige l'ancien général à la retraite, Khalifa Haftar. L'information a été confirmée par les sites proches de l'organisation terroriste. Les six lieutenants d'Al-Baghdadi ont rejoint Daech depuis longtemps et ont mené plusieurs opérations en Irak et en Syrie, avant d'être envoyés en Libye, où ils auront la mission de restructurer la branche locale de cette organisation terroriste, notamment à Derna d'où elle a été chassée en juin dernier par le Conseil des combattants de Derna, une milice islamiste radicale et farouche opposante à Haftar. Daech avait pris le contrôle de Derna après le départ des milices proches de Fajr Libya à Benghazi. Mais l'arrivée massive de "combattants" étrangers dans cette ville a fini par mettre en colère la population locale qui est sortie manifester dans la rue. Bilan de la manifestation : sept civils tués par les snipers de Daech. Cette tuerie a amené le Conseil des combattants de Derna à lancer une offensive d'envergure contre les positions de l'Etat islamique dans cette ville. La tentative de Daech de reprendre le terrain perdu n'a pas abouti. De même à Benghazi où l'Etat islamique a essuyé d'importantes pertes face aux milices locales et aux troupes de Haftar. Les combats se poursuivent toujours à Benghazi, mais le rapport de force est défavorable à Daech qui contrôle aujourd'hui la seule ville côtière de Syrte, soutenu par les partisans de l'ancien régime de Tripoli, du défunt guide Mouammar al-Kadhafi, selon plusieurs sources. Outre le soutien apporté par les pro-Kadhafi, l'Etat islamique compte aussi sur les terroristes issus d'autres nationalités, surtout au niveau de sa chaîne de commandement. Comme dans certaines régions en Irak et en syrie, où l'organisation terroriste contrôle de larges territoires, Daech a placé des éléments étrangers à la tête de sa branche libyenne, estimant que les chefs locaux sont parfois tolérants envers leurs populations. Toutefois, selon toujours les médias libyens, l'arrivée des six lieutenants irakiens d'Al-Baghdadi, dont l'identité demeure secrète, coïncide aussi avec l'élimination de plusieurs chefs de l'organisation à Derna, à Benghazi et à Misrata. Un des chefs les plus connus en Libye était Abou Nadir al-Yameni, d'origine yéménite. Il a été éliminé fin juin dernier à Benghazi par un tireur d'élite de l'armée loyale au gouvernement de Tobrouk, selon des sources sécuritaires libyennes. Il y a deux semaines, des informations ont fait état de l'arrivée d'une colonne de 70 véhicules, transportant des "combattants" étrangers, en provenance du Soudan, pour renforcer les rangs de Daech, qui cherche à étendre son influence à Tripoli et qui tente, depuis quelques jours, une percée à Misrata. En l'absence d'un accord politique entre les parties libyennes en conflit, l'Etat islamique continue de progresser en Libye, obligeant même des migrants africains à intégrer ses rangs, selon les médias libyens et des ONG. L. M.