Le directeur de la chambre de l'artisanat et des métiers de la wilaya de Tamanrasset, Mourad Saïdani, vient de sonner le tocsin face à l'invasion de produits d'artisanat made in China dans les boutiques de la capitale du tourisme saharienne. Interrogé en marge de la clôture du 17e Salon national de l'artisanat saharien, organisé du 25 au 31 décembre à Tam, le responsable de la Cam s'est insurgé contre les artisans contrefacteurs qui auraient importé de Chine des modèles imités de bijoux traditionnels et d'autres produits "frelatés" pour les livrer à des prix défiant toute concurrence. "Au-delà du fait qu'ils portent une grave atteinte aux valeurs patrimoniales de notre pays, ces contrefacteurs sont en train de briser les professionnels qui font face à une concurrence déloyale", s'indigne M. Saïdani. Ce dernier a préconisé de développer des labels de qualité et des indications géographiques pour faire face à ce phénomène qui a pris des proportions gravissimes dans cette région touristique par excellence. "Les artisans doivent adhérer à ce projet pour créer leur propre label et, du coup, parer à toutes les menaces qui pèsent sur cette noble activité. Chaque région doit également développer une indication géographique qui consiste à réunir l'ensemble de la corporation autour d'une même appellation en signe de marque de confiance. Les autorités compétentes doivent également s'y mettre pour lutter contre la contrefaçon et sensibiliser le consommateur aux risques découlant des composants douteux des produits mis sur le marché sans contrôle aucun", suggère-t-il. Sur un ton virulent, Abdellah Lagraoui, conseiller et cadre à la CAM, a, quant à lui, appelé à l'application des dispositions sévères pour lutter contre ce phénomène qui a, dénonce-t-il, gangrené le marché local, notamment en cette période marquée par l'affluence de touristes. Avis partagé par Nacer Medaken, visiteur de Ouargla, qui a préconisé de poursuivre en justice l'ensemble des commerçants impliqués dans la promotion de la production contrefaite. Conscient de l'ampleur du phénomène, le consommateur de l'Ahaggar boude certaines boutiques où est étalé le produit chinois. D'où l'explication de l'engouement enregistré par les organisateurs du salon qui drainé plus de 10 000 visiteurs en moins d'une semaine. Hamiti Maya, artisane de Tizi Ouzou, a, en louant cette initiative, réussi à vendre son image de marque et à convaincre un public averti de la qualité des habits confectionnés avec des motifs et des broderies puisés du riche répertoire culturel de la Kabylie. Satisfaite de sa participation au salon, elle dit avoir gardé contact avec de nombreux clients éblouis par l'authenticité de sa production artisanale. Le même constat a été arrêté au stand de Mouftahi Fakhra, une artisane d'Illizi spécialisée dans la broderie sur le cuir et les vêtements traditionnels. R.K.