La visite à Tripoli, vendredi, de l'émissaire onusien n'a pas permis de débloquer la situation. Bien au contraire, c'est le Parlement non reconnu qui a posé ses conditions en réponse à celles de l'Assemblée de Tobrouk, seule autorité légitime reconnue à l'international. Engagé dans une véritable course contre la montre pour convaincre les parties libyennes d'entériner l'accord de paix onusien d'ici deux semaines, Martin Kobler, qui a tenté de convaincre les dirigeants du Congrès général national (CGN, contrôlé par Fajr Libya, ndlr) de faciliter l'installation du futur gouvernement d'union nationale à Tripoli, est resté sur sa faim. Il a rencontré la veille, le président du Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, qui lui a posé trois conditions pour approuver le gouvernement d'Union nationale. Il s'agit, selon l'agence de presse Lana dépendante des autorités reconnues de "la protection de l'armée nationale, la garantie de la répartition équitable des portefeuilles (...) et la protection du gouvernement sans le recours aux milices". Martin Kobler s'est ensuite entretenu avec le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, connu pour être ouvertement hostile à un gouvernement d'union nationale, que prévoit l'accord signé sous l'égide de l'ONU le 17 décembre au Maroc par une partie des membres des deux Parlements rivaux. Ce dernier, qui l'a convié à rencontrer de nombreuses personnalités des autorités de Tripoli, notamment les chefs des états-majors des armées, les chefs des renseignements et du parquet n'a guère adhéré aux sollicitations du diplomate allemand. L'envoyé personnel de Ban Ki-moon a eu droit à la réponse suivante : "Nous estimons que pour que n'importe quel accord politique soit efficace sur le terrain, il faut que toutes les parties chargées de le mettre en œuvre soient présentes avec nous aujourd'hui". Devant cette situation, Martin Kobler a rappelé dans une conférence de presse improvisée que la communauté internationale pousse les factions libyennes à s'entendre afin notamment de lieux lutter contre le groupe terroriste de l'Etat islamique (EI) qui a profité du chaos pour renforcer sa base en Libye. Mais au moment où il a voulu donner la parole aux journalistes, l'émissaire onusien a été brusquement interrompu par Jamal Zoubia, le chef de la Direction de la presse étrangère du gouvernement non reconnu. Ce dernier lui a reproché d'avoir "commis un acte illégal en tenant une conférence de presse sans l'autorisation préalable de cette direction". "Vous avez enfreint la loi et, appliquant la loi, je me trouve dans l'obligation d'annuler les accréditations de toutes ces personnes", a menacé Jamal Zoubia, qui a mis fin ainsi à la conférence de presse. Il ne reste à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU que de demander à la communauté internationale d'accentuer davantage les pressions sur les deux parties en conflit pour espérer les faire plier, car au vu de leurs positions actuelles, la Libye est plus que jamais éloignée d'un retour à la paix. M.T.