La crise diplomatique opposant l'Iran à l'Arabie saoudite, au lendemain de l'exécution par Riyad d'un imam saoudien chiite, continue d'alimenter les tensions au Proche-Orient. Après l'Arabie saoudite, le Bahreïn et le Soudan qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec l'Iran, c'était au tour, hier, du Koweït de rappeler son ambassadeur à Téhéran, officiellement en signe de protestation contre les attaques des manifestants iraniens des missions diplomatiques saoudiennes dans la capitale iranienne. Mais cette décision n'est rien d'autre qu'une position non-assumée du Koweït, un Etat sunnite, de s'aligner sur celle de son allié saoudien qui, rappelons-le, s'était rangé de son côté lors de l'invasion de ce petit pays du Golfe par l'armée irakienne en 1991. Cette alliance anti-iranienne et les ruptures des relations avec Téhéran n'ont d'autres effets que l'aggravation de la situation politique et sécuritaire au Proche-Orient, car leur impact économique sur l'Iran sera de moindre effet. C'est ce qui explique l'affolement des capitales occidentales qui, à défaut d'adopter de courageuses positions contre les exécutions "inhumaines" de l'Arabie saoudite et sa surenchère politique dans la région, préfèrent appeler l'Iran à la désescalade. En dehors des autorités helvétiques qui ont convoqué le représentant diplomatique saoudien en Suisse, pour s'expliquer sur les exécutions samedi de 47 personnes, dont faisait partie l'imam chiite Nimr Baqer al-Nimr, les membres de la communauté internationale s'inquiètent surtout de l'échec des processus de dialogue, engagé par l'ONU, et de la lutte contre l'organisation autoproclamée Etat islamique en Syrie et en Irak. De nombreux analystes et experts sont d'accord à penser que la situation au Proche-Orient se compliquera davantage si les tensions entre ces deux pays ne baissent pas. La balle est surtout dans le camp saoudien qui semble prêt à aller jusqu'au bout de sa logique de haine contre l'Iran au nom d'un prétendu conflit confessionnel sunnite-chiite qui se déroule à travers des conflits armés par pays interposés, comme cela est le cas en Syrie et au Yémen. Lyès Menacer