Pendant que des médecins généralistes chôment bien qu'ils appliquent, eux aussi, une hausse illégale des tarifs, des pseudo-médecins herboristes sont submergés de clients. À Oued Tlélat (wilaya d'Oran), une herboriste a loué une petite villa neuve et ouvert un cabinet doté d'un petit laboratoire pour les mélanges (Agdaa), il y a juste quelques mois. Le constat est impressionnant. "Trois jours par semaine, de 7h jusqu'à tard le soir, des dizaines de patients se présentent au cabinet de l'herboriste", confie un voisin. Sur place, nous constatons, en effet, le nombre impressionnant de patients qui attendent leur tour. Au détour des discussions, un père affirme que le traitement traditionnel contre l'anémie a beaucoup soulagé sa fille âgée de 3 ans, et le taux d'hémoglobine s'est nettement amélioré. Même constat pour la jeune femme qui désire un second enfant : "Ma fille a eu un "froid", selon son médecin traitant, mais le traitement de l'herboriste est efficace. Elle nous a été conseillée par des proches", confie la mère de la jeune femme. Pour le jeune homme qui accompagne sa mère victime d'un AVC, paralysée partiellement, "nous pensons que le traitement de l'herboriste sera bénéfique pour pouvoir améliorer ses mouvements". Il repart avec un traitement de 2000 DA. Quant à l'herboriste, elle reste tout de même prudente et explique: "Pour les maladies chroniques, j'offre aux patients un complément", et de poursuivre : "J'ai des clients cancéreux, surtout le cancer du sein où des résultats probants ont été enregistrés. Je peux vous présenter une patiente, elle est là aujourd'hui." De leur côté, des victimes qui qualifient les traitements d'arnaque ripostent : "Je suis atteint d'arthrose, j'ai payé un traitement de 4000 DA, mais sans résultat probant. Face à l'échec, l'herboriste m'a proposé un traitement de trois mois, j'ai refusé, car ce qu'elle m'a prescrit la première fois était un traitement pour prendre du poids selon mon médecin", souligne amèrement un retraité. Face aux nombreux échecs des traitements qui nous sont rapportés, un médecin spécialiste, B. Djilali, est formel : "La médecine traditionnelle des plantes médicinales et herbes existe, on l'appelle la phytothérapie. Trois années d'études après les études de médecine ou de pharmacie. L'herboriste, lui, est un commerçant affilié au registre du commerce et détient un agrément, mais aucune relation avec le ministère de la Santé." En fait, qui contrôle ces médecins herboristes et les produits qu'ils vendent aux malades ? Là est le vrai problème. NOUREDDINE BENABBOU