L'anarchie constatée dans le secteur agrumicole est minée par la mainmise des monopolisateurs, mais souffre également de la vieillesse des vergers situés notamment à Misserghine et Boutlélis. La filière agrumicole dans la wilaya d'Oran connaît une crise profonde depuis plusieurs années. Cet état de fait se définit en deux mots : la spéculation et le délaissement. "L'agrumiculture est caractérisée par une absence de mécanismes de régulation et de contrôle de l'Etat qui a abandonné cette filière aux mains des spéculateurs et des intermédiaires qui ont pignon sur rue sur tout ce qui touche à la production, au stockage, à la commercialisation et aux prix des agrumes, qui obéissent désormais au diktat du lucre au détriment du consommateur", affirme un ingénieur agronome. Pour lui, l'anarchie constatée dans le secteur agrumicole est minée par la mainmise des monopolisateurs, mais souffre également de la vieillesse des vergers situés notamment à Misserghine et Boutlélis. "L'inexistence d'une décision politique et le nouveau dispositif de la concession risquent de conduire vers l'extinction de la production agrumicole dans la région d'Oran", indique-t-on. Notre interlocuteur affirme que les vergers ayant dépassé les 35 ans ne sont plus en mesure de produire des agrumes en quantité et en qualité. Une assertion qui vient, encore une fois, relancer le débat sur la politique effrénée de l'arrachage des vergers dans les années 1970. Aujourd'hui, la clémentine, née de la bouture entre le bigaradier et l'oranger, est un lointain souvenir que les Oranais évoquent avec amertume. "Il n'y a presque plus de clémentines à Misserghine, où les centaines d'hectares d'agrumes qui cernaient les abords de ce paisible hameau ont presque totalement disparu". Ainsi, la nette réduction de la production des agrumes enregistrée cette année dans la wilaya d'Oran trouve aussi et surtout son explication dans le grignotement de la surface exploitable qui se réduit comme une peau de chagrin. Selon une source proche de la direction de wilaya des services agricoles (DSA), seulement 15 000 quintaux de clémentines et de mandarines ont été jusqu'ici cueillis et écoulés. Dans ce chapelet de déclarations paradoxales, il en résulte que les terres agricoles destinées à l'agrumiculture ont été consacrées à d'autres productions comme les céréales, le blé dur et le blé tendre. "Il s'agit de prendre le taureau par les cornes en s'attaquant au mal profond qui ronge la production des agrumes dans la wilaya d'Oran en optant pour une politique de rajeunissement des vieux vergers tout en stoppant l'arrachage dévastateur des arbres fruitiers et la plantation de jeunes vergers, en ayant à l'esprit que les terres concédées à Misserghine, Boutlélis restent toujours propriété de l'Etat", affirme-t-on. À côté de ces extrêmes, les agrumiculteurs, pour leur part, déplorent l'absence de structures de stockage, de chambres froides et de main-d'œuvre, qui, selon eux, sont à l'origine des prix vertigineux des clémentines (150 DA le kg), des mandarines (170 DA), et des oranges dites Washington, dont le prix varie entre 200 et 250 DA le kg. En tout état de cause, l'apparition de la clémentine marocaine et de la mandarine tunisienne sur les étals des marchands de fruits à Oran ne laisse rien augurer de bon. K. REGUIEG-ISSAAD