Depuis la conclusion de l'Accord d'Alger, en deux étapes (15 mai et 20 juin 2015), les groupes terroristes islamistes ont signé leur retour dans le nord du Mali, comme pour saper cet accord. Certains groupes ont même étendu leur champ d'action au sud du pays et semblent prêts à embraser tout le Sahel. Le Sahel s'embrase et replonge progressivement dans le chaos sécuritaire. Aucun pays n'y échappe. La sanglante prise d'otages de vendredi à l'hôtel Splendid, au cœur de la capitale du Burkina FasoOuagadougou, est une véritable démonstration de la part des groupes terroristes, à leur tête Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Al-Mourabitoune, respectivement dirigés par deux chefs terroristes algériens, Abdelmalek Droukdel et Mokhtar Belmokhtar. Ces deux mouvements ne forment désormais, et depuis décembre dernier, qu'une seule entité, après l'annonce de leur fusion. Al-Mourabitoune, qui a revendiqué l'attaque de Ouagadougou, est, lui aussi, le produit d'une autre fusion entre les Signataires par le sang de l'introuvable Belmokhtar et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Ces fusions n'empêchent pas, par ailleurs, ces groupes d'agir en solo dans certaines zones où ils ont plus d'influence, bien que leur objectif demeure le même : entretenir l'instabilité et le climat de terreur dans la région sahélo-saharienne pour subsister et garder la main sur le trafic d'armes et de drogue, première source de financement, outre les enlèvements des ressortissants étrangers. Parfois, ils font appel à des "sous-traitants" locaux, comme cela est le cas au Mali, où Aqmi et Ansar Eddine du terroriste targui Iyad Ag Ghali "bénéficient" des services du Front de libération du Maçina de l'imam Amadou Kouffa. Cette cartographie des groupes armés révèle encore une fois la menace terroriste qui pèse sur l'Algérie qui partage une large bande frontalière avec ses voisins du Sahel : le Mali, le Niger et la Mauritanie. Outre la faiblesse des forces armées locales, la porosité des frontières entre ces pays offre une importante liberté de mouvement pour les membres d'Aqmi, d'Al-Mourabitoune et d'Ansar Eddine pour fuir dans plusieurs points de repli, notamment en Libye, pays instable et sans Etat depuis la chute de l'ancien régime de Tripoli en 2011 et la disparition de son défunt dirigeant Mouammar Kadhafi. C'est du sud de la Libye, d'ailleurs, que se sont infiltrés en janvier 2013 les auteurs de la prise d'otages du site gazier de Tiguentourine, à In Amenas. Ces terroristes d'Aqmi ont traversé la frontière algéro-libyenne et pu pénétrer dans ledit site gazier sans être repérés par les centaines de soldats déployés par l'armée algérienne. Aujourd'hui, la menace terroriste est réelle sur l'Algérie et il y a de quoi s'en inquiéter. Car, le nombre impressionnant de saisies d'armes dans le sud du pays et l'arrestation mardi dernier par l'Armée nationale populaire (ANP) de sept terroristes dans la même région d'In Amenas, constitue un sérieux motif d'inquiétude. Cela, sans oublier le fait que les dirigeants des principaux groupes terroristes dans la région sont tous des Algériens, y compris la filiale malienne d'Aqmi, Yahia Abou el-Hammam, dont l'entretien accordé à l'agence de presse privée mauritanienne annonce des jours sombres pour la région sur le plan sécuritaire. Ces derniers, bien que leurs relais locaux aient été décimés dans certaines régions d'Algérie ou fortement affaiblis dans d'autres zones, pourraient toujours mener des opérations meurtrières de la même ampleur que celle de Tiguentourine, en faisant appel à des éléments issus d'autres pays. Lyès Menacer