La traite des migrants subsahariens, particulièrement des femmes et certains enfants qui se voient forcés de se prostituer dans des maisons closes informelles, a été soulevée par l'émissaire de l'ambassade des Etats-Unis en Algérie, J. Spencer Driscoll, dépêché, avant-hier, dans la wilaya de Tamanrasset. Chef de département politique et expert en droits de l'Homme de son état, M. Driscoll s'est rendu au centre d'accueil des migrants devant être rapatriés vers le Niger où il a été reçu par la présidente du Croissant-Rouge algérien, Saïda Benhabylès, qui serait chargée de fournir des exemples infirmant les graves accusations portées contre l'Algérie dans un rapport dressé en juillet 2015 par les USA. L'envoyé spécial de l'ambassade US se serait également enquis de ces "villages africains" et des conditions de vie des populations vulnérables dans de petites enclaves ethniques non algériennes se trouvant dans cette ville aux 50 nationalités. L'immigration clandestine et les questions relatives à l'accès des migrants de l'Afrique subsaharienne au droit à la santé, ainsi que la traite de ces personnes à des fins d'exploitation sexuelle et de travaux forcés ont été au menu de cette visite, ponctuée par une rencontre avec l'association Green Tea de Tamanrasset qui avait, notons-le, adopté récemment une charte au service des droits des migrants. L'expérience de cette organisation, qui a consacré des espaces d'information et d'orientation sur le VIH-sida et pour sensibiliser contre les fléaux sociaux, aurait inspiré l'Américain qui a focalisé sur les spécificités de cette région du Grand-Sud et les modalités de prise en charge des populations migrantes qui y ont élu domicile, a-t-on appris d'une source bien informée, selon laquelle "aucune question n'a été posée en dehors de l'immigration, de l'exploitation sexuelle des enfants migrants et de la prostitution forcée". J. Spencer Driscoll se serait donc rendu compte que ce qui a été révélé en juillet ne repose finalement sur aucun fait avéré puisque les chiffres avancés par cette association, qui s'est pleinement investie dans le travail de terrain et d'approche intercommunautaire, démentent formellement les accusations contre l'Algérie. Pour rappel, le rapport en question a parlé des migrants clandestins, notamment ceux originaires des pays anglophones de l'Afrique subsaharienne, qui restent particulièrement vulnérables au travail forcé et à l'exploitation sexuelle. "Le gouvernement algérien ne se conforme pas pleinement aux normes minimales requises pour l'élimination de la traite des personnes et ne consent pas d'efforts importants pour le faire. Comme il n'a pas déployé d'efforts pour enquêter sur les auteurs de traite des personnes à des fins d'exploitation sexuelle et de travail forcé, pour les poursuivre en justice ou pour les condamner. Le gouvernement a continué d'amalgamer la traite. En conséquence, les victimes de ce phénomène sont traitées comme des criminels ou des immigrants clandestins et ont fréquemment été arrêtées, détenues et expulsées", lit-on dans le document qui a soulevé un véritable tollé. Rabah Kareche