Les autorités algériennes ne font pas assez d'efforts dans la prévention du trafic d'humains et dans la protection des victimes, selon Washington. «L'Algérie est un pays de transit et, à un moindre degré, une destination et une source de femmes et d'hommes qui sont victimes de travaux forcés et de trafic sexuel», indique le rapport 2013 du département d'Etat des Etats-Unis, rendu public mercredi, qui rend compte de la traite humaine dans le monde. Les victimes de ce trafic sont pour la plupart des migrants, hommes et femmes, subsahariens qui entrent volontairement mais illégalement en Algérie, souvent avec l'aide de «passeurs» et autres contrebandiers, avec pour objectif de rallier l'Europe. «Certaines de ces femmes sont enrôlées de force dans des réseaux de prostitution (…). Quelques hommes d'origine subsaharienne, majoritairement des Maliens, deviennent, de force, des employés domestiques. Les propriétaires confisquent parfois leurs documents d'identité, ce qui est l'un des indicateurs du travail forcé», expose-t-on dans ce rapport. De même, des femmes algériennes sont aussi forcées à la prostitution. Pourtant, le gouvernement ne remplit pas entièrement les standards élémentaires afin de mettre un terme à ce trafic humain. Durant cette année, les autorités n'ont pas prononcé de peines de prison à l'encontre de personnes impliquées dans des cas de traite sexuelle et de travail forcé. «Les autorités ont continué à confondre la traite humaine et l'immigration clandestine. De ce fait, les victimes de ce trafic sont généralement considérées comme telles et sont sujettes à arrestation, détention et déportation», explique le département de John Kerry. D'ailleurs, le gouvernement a montré de graves lacunes dans la protection de ces victimes, selon le rapport. Les victimes ne bénéficient d'aucune protection «Il n'a pas développé ou employé de procédures pour identifier les victimes de trafic parmi les populations vulnérables, telles que les femmes étrangères arrêtées pour prostitution ou les migrants sans-papiers. De même, il n'existe pas de protocole de prise en charge afin de prodiguer l'assistance et la protection appropriées aux victimes», affirme Washington, ajoutant que «des avocats commis d'office ou des services juridiques ne sont même pas fournis». Des ONG ont ainsi rapporté que des victimes étaient emprisonnées pour des actes illégaux «résultant» de leurs situations. Ces mêmes organisations ont indiqué que si «une opération de prostitution devient trop ‘publique', la police arrête les femmes impliquées et les déportent dans les zones frontalières du Sud, sans prendre la peine d'essayer d'identifier parmi ces personnes les victimes potentielles de traite d'humains». Pis, il est rapporté que dans certains cas, les clandestins «reçoivent un peu de lait et de pain et sont transportés dans les déserts frontaliers du Mali et du Niger. Dans certains cas, des migrants sont morts», selon des ONG. Des groupes de la société civile ne sont pas autorisés à fournir un quelconque refuge de transit à ces migrants, car ils seraient poursuivis pour hébergement de clandestins. Afin d'œuvrer à la cessation de ces violations des droits humains, le département d'Etat émet ainsi certaines recommandations à l'Algérie. «Enquêter, poursuivre et juger les responsables de ce trafic sexuel et du travail, et ce, en incluant les fonctionnaires complices de ces crimes», conseille-t-on. De même, il est urgent et nécessaire que les autorités puissent avoir les capacités d'identifier les victimes sujettes à ces abus et leur offrir aide et assistance médicale, psychologique ou juridique.