Le 9e prix "Matoub Lounès contre l'oubli", initié par l'association Amgud et la fondation Matoub-Lounès, a été attribué à titre posthume à trois personnalités : Kateb Yacine, M'hamed Issiakhem et Ali Zamoum. En marge de cette rencontre, la sœur du défunt, Malika Matoub, est revenue sur le parcours artistique et politico-culturel du chanteur. La cérémonie de la remise du prix "Matoub Lounès contre l'oubli", institué par l'association Amgud de Draâ El-Mizan et la fondation Matoub-Lounès, s'est tenue avant-hier à la salle de réunion de l'APC de Draâ El-Mizan. Pour sa 9e édition, le prix a été décerné à titre posthume à trois personnalités, à savoir Kateb Yacine, M'hamed Issiakhem et Ali Zamoum. Cet événement coïncidant avec le 60e anniversaire de la naissance de Matoub Lounès (24 janvier) a vu la participation de Malika Matoub (sœur du défunt), qui a animé une conférence-débat sur "Le parcours artistique et politico-culturel de Matoub Lounès". D'emblée, la conférencière a estimé que le choix de ces trois personnalités est une "reconnaissance pour ces grands hommes qui ont marqué l'histoire de notre pays. À la création de la fondation Matoub-Lounès, Dda Ali Zamoum nous a beaucoup soutenus et il a même rédigé le préambule de la fondation", a-t-elle témoigné. "Lounès disait qu'il était le témoin de son temps. C'était un chroniqueur de presse", a-t-elle précisé. Et d'insister : "La vie de Lounès a été associée à la lutte pour la démocratie, pour les droits de l'homme, pour tamazight et l'émancipation de l'Algérie." Dans son intervention, la conférencière subdivise le parcours du Rebelle en plusieurs phases essentielles, en précisant qu'"entre 1978 et 1980, dans ses textes, il éveillait des consciences pour Tamazgha. Il dépoussiérait toutes les réalités historiques occultées par le pouvoir en place. Dès le départ, il avait cette rage de dire des vérités". Et de renchérir : "En 80, il était aux premiers rangs des jeunes qui se sont soulevés pour dénoncer le pouvoir." Tout en précisant : "Soyons nous-mêmes. Nous ne sommes ni orientalistes ni occidentalistes. Mais Matoub était un incompris de l'élite parce qu'il était un fruit de la société et du terroir. L'école matoubienne est l'école de la rue. Il n'avait aucun intérêt ni clanique ni partisan. Il cherchait toutes les vérités car il disait haut ce que le peuple pensait tout bas." La conférencière dira que Lounès a été sur le devant de la scène dès 1986 quand il avait soutenu les enfants de chahid réprimés par le pouvoir. "À l'avènement du terrorisme, il a soutenu les démocrates en dénonçant cette forme de fascisme rampant", a-t-elle dit. Et d'enchaîner qu'"en rendant hommage à Tahar Djaout avec le titre phare Ô Kenza ma fille, à Boudiaf et aux autres martyrs, ce sont des preuves de cet engagement. Malheureusement, beaucoup ont voulu confiner ses chansons dans sa Kabylie. Pourtant, il s'adressait à toutes les couches de l'Algérie profonde quelle que soit leur région. Il chantait pour une Algérie plurielle, celle de Kateb Yacine, de Ali Zamoum, d'Issiakhem et de Abane et non l'Algérie confisquée en 1962". Malika Matoub lors de cette rencontre est revenue sur l'épisode de son enlèvement par les terroristes en septembre 1994. Dans son livre Le Rebelle, la conférencière souligne qu'il l'a bien expliqué en racontant ses 18 nuits passées dans les maquis. "Il était pour la laïcité et il ne voulait que personne ne soit exclu pour ses idées et ses convictions", poursuit-elle, tout en affirmant que son frère fut assassiné pour étouffer une voix populaire, un homme engagé pour une Algérie démocratique. Revenant sur l'assassinat de son frère, Malika Matoub a conclu que sa famille ne demande que la vérité sur ce crime ignoble dont le procès n'a jamais eu lieu. O. Ghilès