L'absence de stations réglementaires, la prolifération des taxis clandestins qui imposent leur diktat, ajouter à cela la fermeture, le 29 janvier, du pont de Sidi M'cid ne font qu'aggraver une situation déjà chaotique. Lorsque le gouvernement a décidé d'augmenter le prix du carburant, il était loin de se douter – ou pas – de l'onde de choc qui allait s'ensuivre. Il aura suffi de 24 heures pour qu'une majorité de transporteurs augmente ses prix de 10 à 40%. Pour les usagers, c'est la goutte qui fait déborder le vase, car le problème du transport ne date pas d'hier. L'absence de stations réglementaires, la prolifération des taxis clandestins qui imposent leur diktat, ajouter à cela la fermeture, le 29 janvier, du pont de Sidi M'cid – un des principaux accès à la cité – ne font qu'aggraver une situation déjà chaotique. "Je n'arrive plus à calculer mes dépenses de transport, puisque chacun fait ses propres tarifs", témoigne une employée dans une entreprise étatique habitant la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Cette dernière doit faire le trajet quotidiennement avec le risque d'arriver en retard au travail en cas où elle ne trouverait pas de taxi. La seule station de bus existante est située à environs 4 km de son lieu de résidence. En effet, pour une ville qui compte 50 000 taxis dont 2800 activent au centre-ville, ajouter à cela d'autres moyens de transport urbain, à savoir le bus, le tramway et le téléphérique, le problème de transport se pose toujours à Constantine. Les citoyens vivent le calvaire au quotidien, notamment depuis le lancement des projets – dont la plupart traînent encore – dans le cadre de "Constantine, capitale de la culture arabe 2015". Dans ce sens, les spécialistes pointent le doigt vers l'absence d'un plan de circulation efficace et l'absence d'un contrôle du transport privé sur le terrain. Pourtant, en 2011, un bureau d'études public a été chargé de présenter un plan de circulation et de transport pour "une organisation plus fonctionnelle de la circulation dans le centre-ville", qu'on a qualifié alors de "plan de circulation d'urgence". Or le projet n'a pas été mis à exécution dans sa totalité à ce jour ! Pis, estimé à 9 milliards de centimes, le plan en question a été modifié à plusieurs reprises avant que la direction du transport de la wilaya ne se décide enfin à la réorganisation de la circulation dans 14 artères principales et 7 carrefours. Selon les responsables du secteur des transports, 3 milliards de centimes sont nécessaires pour l'emplacement de 1000 plaques de signalisation et des feux tricolores synchronisés, à la charge de la commune de Constantine. Trois ans après, le projet piétine toujours. Point de stations réglementaires ! La commission du transport de l'APC de Constantine a annoncé en 2011 l'aménagement de la station de bus Khemisti, qui remplaçait l'ex-station Boumezzou et qui, faut-il le rappeler, abritait un parc important de moyens de transport en commun et qui était située en plein centre-ville. Rien n'a été fait ! La commission en question a défini les moyens à mettre en œuvre en 2012, à court et moyen termes, à la station de bus Khemisti dans un délai de 30 jours. Un poste de police, des abribus, des tableaux d'horaires et des destinations, des chefs de station et des sanitaires devaient être mis en place. Aujourd'hui, soit 48 mois plus tard, la station Khemisti, située à la cité Laloum, ressemble plus à un arrêt de bus qu'à une station réglementaire où règnent l'anarchie, la saleté et l'insécurité ! L'autre instruction de ce plan qui pénalise les citoyens concerne le réaménagement du parc communal de la rue Rahmani-Achour. Ce dernier devait abriter une station de taxis desservant les lignes Ali-Mendjeli, la SNTV et la cité Zouaghi. L'espace insuffisant et mal positionné, les taxieurs refuse d'y exercer. Des sommes colossales avaient été investies dans ce projet. Résultat aujourd'hui : un arrêt de taxieurs implanté à l'avenue Aouati-Mostapha et qui dépend de l'humeur des agents de l'ordre public. "Samedi, la police nous a autorisés à stationner, hier j'ai eu une amende parce que j'ai stationné !", nous a déclaré un taxieur. Et de poursuivre : "On paye 30 000 DA pour le droit de stationnement mais on n'a pas ou stationner." Aussi, la création de nouveaux points de stationnement devient une urgence dans la wilaya de Constantine, notamment au centre-ville. Le plan de circulation date de 4 ans, et il est non actualisé et complètement dépassé, au vu de l'impact des chantiers actuellement en cours de réalisation ou ceux qui vont être lancés prochainement, dont la réhabilitation du pont de Sidi Rached qui sera fermé le 20 janvier pendant deux mois. Le calvaire continue en 2016 ! Souheila BETINA