Les contentieux historiques algéro-francais, hérités de la guerre de Libération vont-ils connaître un règlement proche ? Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, l'espère. Avant d'arriver à Paris, avant-hier, il avait déjà dressé la liste des dossiers à traiter, à savoir la restitution des archives de guerre, l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara ainsi que l'examen des affaires de disparitions de militants et de combattants du FLN pendant la Révolution. "Il est grand temps pour nous de traiter tous les dossiers liés à la question de la mémoire commune et les prendre sérieusement en charge et en toute responsabilité", a-t-il déclaré mardi en fin de journée à l'issue de son entrevue avec le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, estimant que la construction d'un avenir commun par l'Algérie et la France est tributaire du règlement des questions litigieuses du passé. "Les relations algéro-françaises connaissent un développement visible et sensible dans les domaines politique, économique, industriel, commercial et culturel. Il ne restait cependant que la question de mémoire qui pourrait nuire à l'image des solides relations entre les deux pays", a encore fait savoir le ministre. De son côté, M. Todeschini, sans designer précisément les motifs de la discorde, a estimé qu'il est "temps de mettre nos actes et nos gestes dans les paroles des deux chefs d'Etat qui demandaient à ce que les mémoires douloureuses des deux pays soient apaisées". Selon lui, des avancées ont déjà été réalisées. "Jamais un ministre des Moudjahidine algérien n'est venu en France dans une visite officielle. C'est là le sens de l'apaisement de nos mémoires respectives", a précisé le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants. Sur le plan pratique, la prise en charge des dossiers en litige doit s'effectuer dans le cadre de réunions techniques. La première sur la question des archives se tiendra en mars prochain à Alger, en marge de des travaux de la Commission inter-gouvernementale de haut niveau (CIHN). Tayeb Zitouni a, par ailleurs, annoncé la mise en place d'une commission le 11 février qui examinera la question des disparus ainsi que l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Le ministre des Moudjahidine s'attend à des résultats "palpables" et dans "un délai très court" concernant les archives de guerre. Pour le reste, il est évident que les pourparlers seront lents. Jusque-là, la France s'est toujours montrée réticente à assumer sa responsabilité dans le préjudice humain et matériel de l'expérimentation de la bombe atomique dans le désert algérien pendant la période coloniale. Le devoir de mémoire s'étend à beaucoup d'autres sujets fâcheux, des torts que Paris, encore aujourd'hui, a tendance à nier ou à reconnaître à moitié. C'est le cas des massacres du 17 Octobre 1961. Hier, le ministre des Moudjahidine s'est rendu au pont Saint-Michel, sur les bordures de la Seine pour se recueillir devant la stèle érigée à la mémoire des victimes. Il a également fait un déplacement à Verdun pour rendre hommage aux combattants algériens morts durant la Première Guerre mondiale. S. L.-K.