"Ils nous ont trahis ya khouya Kamel", ce sont là les derniers mots prononcés par Abdelhak Benhamouda, avant de rendre l'âme, en ce jour de Ramadhan, le 28 janvier 1997, alors qu'il était encore allongé sur l'esplanade de la Maison du peuple, le corps ensanglanté et criblé de balles. L'horrible attentat sera revendiqué, dans un communiqué, quelques jours plus tard, par le Fida, une organisation terroriste islamiste dirigée alors par un certain Ahmed Abou El-Fida.Un jour avant son assassinat, Benhamouda, qui était l'invité de la Radio nationale, avait appelé les Algériens à faire face à ceux qui, par leur "idéologie désastreuse, veulent instaurer un Etat théocratique en Algérie". Le responsable charismatique de l'UGTA n'était pas seulement un syndicaliste mais c'était surtout une icône et un farouche défenseur d'une Algérie républicaine. C'est cet engagement qui faisait de lui une cible prioritaire des terroristes notamment pour avoir créé et présidé le Comité national pour la sauvegarde de l'Algérie (CNSA) avant de jeter les fondements pour la création d'un parti politique républicain et démocratique. Un projet qui ne sera jamais achevé comme l'avait souhaité et voulu Abdelhak Benhamouda. Et c'est pour ses idées et ses projets engagés foncièrement pour une Algérie républicaine que l'ancien instituteur de Constantine avait été déjà pris pour cible, une première fois en 1993, non loin de son domicile à Garidi (Alger), soit trois ans avant son élection à la tête de l'UGTA. Son frère et son oncle seront, eux aussi, assassinés à Constantine par les mêmes hordes terroristes. Fervent défenseur des droits des travailleurs, Abdelhak Benhamouda avait contesté avec un grand courage certaines décisions prises à l'époque par le gouvernement, notamment celles liées à la politique économique du pays ou encore le licenciement des travailleurs et la liquidation des entreprises publiques entreprise suite aux injonctions du FMI. Les travailleurs et les citoyens qui se souviennent de ses positions courageuses et son franc engagement lui rendent aujourd'hui un grand hommage. Une cérémonie de recueillement sera organisée aujourd'hui par le secrétariat national de l'UGTA avec la participation de nombreux syndicalistes, en hommage à l'homme qui s'est sacrifié pour une Algérie juste, prospère et républicaine. M. T.