Le président du RCD est catégorique : les institutions sont aujourd'hui livrées "à la discrétion de potentats qui n'ont plus l'obligation de rendre compte à leur tutelle". Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a décrit, hier, une situation générale du pays très dangereuse, qui "s'est particulièrement accélérée après la présidentielle du 17 avril 2014". Intervenant à l'ouverture des travaux de la session ordinaire du Conseil national de son parti à Alger, le président du RCD a, tout d'abord, invité l'assistance à observer une minute de silence à la mémoire du moudjahid et militant de la démocratie, Abdelhafid Yaha, dont le jour de l'enterrement coïncidait avec la tenue de la réunion. Comme pour entrer dans le vif du sujet, M. Belabbas a entamé son discours par une virulente dénonciation des luttes de clans au sommet de l'Etat, tout en s'élevant contre la volonté du maintien du statu quo et la fermeture des espaces de débats. En effet, pour M. Belabbas, "le contexte national est exacerbé par des luttes de clans qui ont dégénéré en affrontements factieux faits de déballages irresponsables, de guerre de quolibets, de tentatives de déstabilisation des partis de l'opposition dans un contexte régional explosif". Crise grave et complexe, échecs économiques, contraintes sociales, crise de liquidités, perte de confiance, crise de légitimité et instabilité institutionnelle... Si le tableau que brosse le président du RCD de la situation générale du pays est, à l'évidence, très peu reluisant, il ne manque pas d'exprimer des reproches à l'adresse du pouvoir en place pour s'être lancé dans une recherche "effrénée" des soutiens extérieurs afin de tenter de survivre à la crise politique interne. "La souveraineté de l'Etat algérien est aujourd'hui toute relative à cause, précisément, de la recherche effrénée d'appuis extérieurs dont on connaît le coût", assure, à ce sujet, Mohcine Belabbas qui estime que "tout cela débouche sur une régression morale qui brouille les repères et le sens du devoir". Le président du RCD relève, d'ailleurs, que les institutions sont aujourd'hui livrées "à la discrétion de potentats qui n'ont plus l'obligation de rendre compte à leur tutelle". L'orateur n'a pas oublié, dans son réquisitoire, de dénoncer le traitement infligé aux détenus du M'zab et les humiliations subies par les populations dans les Aurès, s'interrogeant "s'il n'y a pas, dans les méandres de certains services, une volonté de les pousser à l'irréparable". Le président du RCD bifurque, ensuite, actualité oblige, sur la polémique surgie récemment à propos du comportement de certains anciens combattants lors de la guerre de Libération nationale. Pour lui, "les attaques médiatiques touchant maintenant d'anciens maquisards quant à leur supposée faiblesse pendant la lutte de libération indique que même les tabous les plus ancrés ne sont plus épargnés par la guerre que se livrent les chapelles qui avaient toutes veillé à préserver la symbolique d'une Révolution algérienne transformée en fonds de commerce". "Ces attaques inédites confirment que c'est la haine qui inspire et guide la décision politique dans le système", estime encore le président du RCD, relevant que "cette situation de décomposition éthique ne fait qu'accélérer le délitement de l'Etat". Quant à la question de la révision constitutionnelle, le président du RCD continue de rejeter la démarche du pouvoir puisque, d'après lui, "ce n'est ni la réponse la plus adaptée à la conjoncture ni une offre politique à même de provoquer un intérêt pour un compromis fédérant les énergies autour de l'élaboration d'une matrice consensuelle". Dans ce contexte, le président du RCD prend fait et cause pour les Algériens vivant à l'étranger, "stigmatisés" par des articles introduits à la faveur du projet de révision constitutionnelle. Une telle démarche sonne, d'après M. Belabbas, "comme la condamnation d'une frange de la société dont les compétences, les moyens et les relations peuvent permettre d'éviter un effondrement que tout annonce". Hamid Saïdani