Aujourd'hui, toutes les institutions de l'Etat sont illégitimes et frappées de sclérose à cause de la persistance de la crise politique. Le constat de la vacance du pouvoir au niveau de la première institution de l'Etat est partagé par tous, y compris par nos partenaires étrangers, selon le président du RCD. La protestation inédite du corps de la police dans plusieurs wilayas du pays, avec en point d'orgue un rassemblement sans précédent devant la présidence de la République, continue de susciter des réactions diverses. Dans une allocution prononcée, hier, à l'ouverture de l'université d'été du parti à la ville balnéaire de Souk El-Tenine (35 km à l'est de Béjaïa), le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Mohcine Belabbas, a estimé que "le débrayage public des URS, bien que porteur de revendications socioprofessionnelles légitimes, exprime, on ne peut mieux, la déliquescence de l'Etat et l'ampleur de la crise et de l'impasse institutionnelle algérienne", otage, selon lui, "des clans qui se sont imposés par la violence un demi-siècle durant et dont notre Rassemblement n'a pas cessé d'alerter depuis plus d'une dizaine d'années". "Le mouvement de protestation déclenché cette semaine par les membres des unités républicaines de la sûreté au niveau de plusieurs wilayas du pays, suivi d'un encerclement du siège de la présidence de la République, même si son premier locataire l'a déserté depuis longtemps, est un précédent d'une extrême gravité", soutient Mohcine Belabbbas, qui rappelle que "la Garde républicaine, dont la mission principale est la protection et la défense des édifices et lieux relevant de la présidence de la République, est restée invisible durant toute la première journée qui a vu le palais d'El-Mouradia assiégé". Devant les 600 jeunes participants, en présence des cadres du parti et des élus de la région, Mohcine Belabbas a dressé un tableau peu reluisant de la situation du pays marquée, selon lui, par une crise politique sans précédent. "Aujourd'hui, toutes les institutions de l'Etat sont illégitimes et frappées de sclérose à cause de la persistance de la crise politique. Le constat de la vacance du pouvoir au niveau de la première institution de l'Etat est partagé par tous, y compris par nos partenaires étrangers", martèle le patron du RCD. Au chapitre économique, les perspectives sont aussi sombres, d'autant que les hydrocarbures d'où proviennent les recettes du pays sont en déclin, poursuit-il. "Le déclin des gisements pétroliers et gaziers et l'explosion de la facture des importations pour des impératifs de maintien de la paix sociale, d'une poussée démographique et des lobbies de toutes sortes finiront d'épuiser plus vite que prévu le fond de régulation des recettes auquel le gouvernement a recours pour le financement du déficit budgétaire", souligne Mohcine Belabbas. Au plan social, en plus de la précarisation de larges couches de la société, il considère que l'absence de couverture sociale pour plus des deux tiers des travailleurs est "une bombe à retardement". Au plan sécuritaire, l'intervenant mettra en relief la recrudescence des actes terroristes. Occasion pour lui de tirer à boulets rouges sur le pouvoir accusé d'incompétence dans la gestion sécuritaire, d'autant que le pays est confronté à plusieurs menaces. À cette défaillance dans la gestion efficace de la situation sécuritaire, le n°1 du RCD ajoute la guerre des clans au sommet de l'Etat : "Pendant ce temps, le pays est livré aux louvoiements d'un pouvoir qui, passée la farce électorale qu'il a organisée en avril dernier et le casting des clientèles pour la révision de la Constitution, replonge dans des luttes de sérail, confirmant son isolement et l'absence de cap et de vision pour la nation." Une situation d'impasse en somme face à laquelle M. Belabbas propose "un renouveau dans les idées, renouveau des institutions, renouveau de la gouvernance et renouveau des élites". D'où sa proposition en faveur de la transition que propose l'opposition. "L'opposition, qui a depuis une année commencé à retrouver énergie, vigueur et lucidité, s'accorde à dire qu'il faut aller vers une transition démocratique pour reconstruire le pays en profondeur. Mais la transition démocratique a besoin, avant tout, d'une base populaire et donc d'une large mobilisation de la société. Il ne s'agit ni de quémander une énième intervention de l'Armée dans le champ politique pour l'enfoncer dans des missions qui ne sont pas les siennes ni de se complaire dans la position d'arbitre entre la société et un pouvoir usurpateur." Peu avant le discours de Belabbas, le P/APC de Souk El-Tenine, Youcef Rezkini, a rappelé, pour sa part, "la nécessité de l'adhésion des jeunes pour la construction du projet démocratique". Une adhésion qui peut être suscitée, selon lui, par "la communication et le travail de proximité".