L'ONU a lancé hier à Genève des pourparlers pour tenter de mettre un terme à la tragédie syrienne, dans un contexte ubuesque, puisque les principaux groupes d'opposition refusent pour l'heure d'y participer. Arrachées au forceps sous la pression internationale, ces discussions inter-syriennes, prévues pour durer six mois, sont censées enclencher un processus de transition et arrêter une guerre qui a fait plus de 260 000 morts et des millions de réfugiés depuis mars 2011. "Khalas", (ça suffit) en arabe, a lancé jeudi l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura dans un message directement adressé au peuple syrien, résumant la frustration face aux horreurs de ce conflit inextricable, dans lequel interviennent directement ou indirectement des dizaines d'acteurs régionaux et internationaux. Dans ce message vidéo, M. De Mistura leur a promis que les Nations unies feraient tout pour que la réunion n'échoue pas. Mais le processus démarre d'ores et déjà dans la confusion, en l'absence des groupes clés de l'opposition syrienne qui réclament une amélioration de la situation humanitaire catastrophique sur le terrain avant de rallier Genève. La délégation du régime de Damas, menée par l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari, était elle attendue à la mi-journée dans la ville suisse. L'ONU a prévu des discussions indirectes, les parties étant dans des salles séparées, des émissaires faisant la navette entre les deux. "Nous n'entrerons pas dans la salle des négociations si nos demandes humanitaires ne sont pas satisfaites", a averti jeudi soir Riad Hijab, le coordonnateur du Haut Comité des négociations (HCN), le principal groupe d'opposition, réuni depuis mardi à Ryad pour décider de sa participation aux pourparlers de Genève. Il a cependant précisé que l'opposition était disposée à se rendre en Suisse si des mesures étaient prises pour un arrêt des bombardements des zones civiles et un accès aux localités assiégées. Tout en jugeant ces demandes "légitimes", les Etats-Unis ont exhorté l'opposition à participer aux discussions de Genève, "une opportunité historique pour proposer des moyens sérieux d'instaurer un cessez-le-feu". Le groupe dit de Ryad, soutenu par ses parrains saoudien, qatari et français notamment, est cependant contesté par Moscou, l'allié du régime de Damas, qui dénonce la présence de "terroristes" en son sein, notamment le négociateur en chef Mohammed Allouche, représentant du groupe salafiste Jaish al-islam. R. I./Agences