Chez les producteurs de pomme de terre de Bouira, l'ambiance n'est guère à l'optimisme. Pour eux, les prix actuels sont "gonflés" par certains grossistes, au détriment des cultivateurs et des consommateurs. La wilaya de Bouira est parmi les wilayas où la culture de la pomme de terre est des plus florissantes. Rien que pour l'exercice 2014-2015, les services agricoles (DSA) ont enregistré une récolte record, estimée à deux millions de quintaux, sur une superficie plantée estimée à près de 35 000 ha. D'ailleurs, les prix de ce tubercule ont connu une baisse significative sur nos étals, oscillant entre 35 et 45 DA/kg. On est loin de l'envolée des prix enregistrée en 2014-2015, où le kilo de pomme de terre se négociait à 80 DA, voire 100 DA/kg. Cependant, chez les producteurs de pomme de terre de Bouira, l'ambiance n'est guère à l'optimise. Pour eux, les prix actuels, sont "gonflés" par certains grossistes, au détriment des cultivateurs et des consommateurs. "La pomme de terre se négocie entre 14 et 20 DA/kg à peine sortie de terre. Ce sont certains grossistes, notamment ceux de Souk Lakhmis et de Chelghoum Laïd (wilaya de Mila, ndlr), qui fixent les prix", indiquera Messaoud Boudhane, président de l'association des maraîchers de Bouira. Ce dernier souligne également que ces prix sont "largement insuffisants" pour couvrir les frais d'investissement, tout en sachant que pour cultiver un hectare de pomme de terre, les producteurs investissent pas moins de 100 millions de centimes ! Le Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation) est également pointé du doigt par M. Boudhane, qui déplore le fait que cet organisme ne s'est nullement manifesté afin de leur acheter leur production, la laissant ainsi entre les mains "malveillantes" des spéculateurs en tous genre. "Les responsables de cet organisme (Syrpalac, ndlr) n'ont pour l'heure montré aucun intérêt pour notre marchandise", a-t-il regretté, avant d'ajouter : "Ils auraient pu nous permettre d'écouler notre récolte au prix de référence de 27 DA !" Pour notre vis-à-vis, l'Etat "tue les producteurs" en les accablant de taxes et autres impositions, qui n'ont, selon M. Boudhane, pas lieu d'être. "On est étranglés par les dettes, sans parler d'une TVA à 17% !", a-t-il indiqué. Interrogé sur le projet de périmètre irrigué de la plaine d'El-Esnam, lequel s'étend sur une superficie globale de 5420 ha (partie Bouira), et qui devrait une fois achevé irriguer les terres cultivables de la wilaya à partir des eaux du barrage Tilesdit (est de Bouira), d'un volume mobilisable de 164 millions de m3, M. Boudhane poussera un grand soupir. "Peut être que mes petits-enfants ou leurs enfants pourront en profiter. Mais pour l'heure, pour nous, ça reste juste une promesse sans lendemain", s'est-il désolé. Enfin, questionné sur l'actuel ministre de l'Agriculture et la Pêche, ainsi que sa politique en la matière, le président de l'association des maraîchers de Bouira pense que ce ministre a "une réelle envie de développer son secteur (...), mais à mon avis, dans son entourage, on l'empêche de travailler, ou bien son message n'est pas écouté". RAMDANE BOURAHLA