De 110 dollars en juillet 2014 à moins de 40 dollars en décembre 2015, les prix du baril de pétrole n'ont jamais atteint ce niveau depuis 11 ans. À la fin 2015, les prix du pétrole ont atteint des niveaux quasi-planchers, moins de 40 dollars ; un seuil jamais atteint depuis 11 ans. Entre juillet 2014 et décembre 2015, soit en un an et demi, la chute des prix du baril a atteint plus de 50%. De 110 dollars en juillet 2014, il est remonté à plus de 68 dollars en mai, pour redescendre à 36 dollars en décembre 2015. Jusqu'où ira cette chute ? La plupart des spécialistes prédisent que cette tendance va persister jusqu'en 2019-2020. La raison de cette chute importante des prix du baril est principalement due un excès de l'offre sur la demande, estimée à 1 million de barils/jour. À la source de cet excédent, la politique de défense des parts de marché suivie par l'Arabie Saoudite et soutenue par les monarchies du Golfe, la progression importante de la production de pétrole de schiste américain et le niveau élevé de la production russe, ayant contribué essentiellement à cette augmentation de volume et donc à une baisse des prix du pétrole. Les deux autres fondamentaux qui expliquent cette chute sont, primo, la baisse de la demande dans le monde favorisée par la chute de la croissance économique en Chine, la stagnation ou la faible croissance en Europe et la diminution conséquente des importations américaines liée à la la montée de la production américaine de pétrole de schiste, secundo, le niveau des stocks de brut aux Etats-Unis. Ce seuil est au plus haut du fait d'achats massifs de pétrole à bas prix pour renforcer ces stocks. Cet excès de l'offre sera consolidé l'an prochain par l'augmentation de la production de l'Iran : 1 million de barils/jour attendu à partir de juin 2016 une fois les sanctions internationales levées. Le spectre d'un prix du baril à 20 dollars hante les esprits d'autant que l'Arabie Saoudite, la Russie, les plus grands producteurs de brut ne sont pas près de diminuer leur niveau de production. Ce serait un scénario catastrophe pour l'Algérie, annonciateur de changements politiques au plus haut niveau de l'Etat. Mais les probabilités pour que ce scénario se produise paraissent faibles pour plusieurs spécialistes. Car ce prix plancher va entraîner la fermeture de la majorité des puits de pétrole de schiste aux Etats-Unis, rendre non rentables les productions de brut en off shore. Dans cette situation, l'Opep, censée réguler, est parue désarmée. Il convient de reconnaître que ce niveau très bas des prix est aussi le résultat des réunions de l'Opep, sanctionnées par une absence de consensus sur une baisse du plafond de production et par l'incapacité des pays très touchés par la dépression des prix du pétrole Opep et non Opep (Algérie, Nigeria, Vénézuela, Russie et autres pays de l'ex-Union soviétique) à organiser un sommet des chefs d'Etat pour décider d'une baisse du plafond de production. Côté rose de cette dépression des prix : d'aucuns parmi les spécialistes, en particulier Francis Perrin, considèrent que la chute des investissements dans l'exploration-production des groupes pétroliers internationaux aura des effets sur les prix à l'horizon 2019-2020 : la baisse de l'offre poussera les prix à la hausse. On estime que les prix évolueront pour atteindre 80-90 dollars à cette échéance. K. R.