Attention à la balance devises ! Le retour au crédit à la consommation est une bonne nouvelle pour la majorité des ménages. Face à un pouvoir d'achat qui se réduit au fil des ans en peau de chagrin, le crédit à la consommation s'avère une bouffée d'oxygène pour bon nombre de citoyens qui ne sont plus obligés de payer cash les biens entrant dans l'équipement ou le renouvellement de l'équipement de la maison : appareils électroménagers, ordinateurs, ameublement. Le remboursement du crédit s'étalera sur plusieurs années. Une solution qui leur était auparavant inaccessible. Ils paieront des échéances plus ou moins importantes selon la nature du bien acquis. Ils seront protégés du surendettement par l'application du ratio traditionnel : le montant du paiement mensuel de l'échéance ne doit pas dépasser 30% du salaire de l'employé. La Centrale des risques veille également à ce que les ménages ne contractent pas plusieurs crédits auprès de plusieurs banques afin de ne pas alourdir leur dette et donc éviter les impayés. Côté gris, le crédit à la consommation risque d'alourdir la facture importations, d'autant que pour nombre de productions éligibles au crédit à la consommation, le taux d'intégration est très modeste et donc font appel à des collections importées qu'il suffit juste de monter. C'est ce qu'on appelle le SKD. L'obligation d'avoir un taux d'intégration significatif étant supprimée, on a fait l'économie du contrôle sur pièces pour savoir s'il s'agit du SKD ou CKD qui, ne l'oublions pas, a durant les années 90 ouvert les portes à une évasion fiscale à large échelle. En effet, certains opérateurs ont fait passer des collections montées (SKD) pour des productions intégrées (CKD) et donc bénéficié illégalement d'un taux de droits de douane réduit. Le crédit à la consommation version 2016 semble tolérer cette absence de véritable valeur ajoutée. Le mécanisme du crédit à la consommation manque donc d'un instrument de régulation qui encourage les industriels algériens à améliorer le taux d'intégration de leurs produits. Quant au crédit véhicule, du fait du retard dans l'émergence d'une industrie d'assemblage de véhicules en Algérie, Renault exerce un monopole qui ne dit pas son nom. En effet, seul producteur de véhicules en Algérie, il est le seul concessionnaire éligible au crédit à la consommation. Cette situation a un double inconvénient : elle ne favorise pas la concurrence et la liberté de choix du client. Comme l'offre de Renault est très réduite et comme le véhicule est devenu très cher, le crédit véhicule sera inaccessible pour les tranches inférieures des couches moyennes. Mais face au prix élevé du véhicule, le crédit à la consommation ouvre à de nombreux citoyens la possibilité d'acquérir une voiture sans être obligés de la payer cash. Ce produit destiné à l'acquisition de véhicules neufs deviendra plus intéressant dans le scénario où notamment Peugeot et Volkswagen s'engageraient à leur tour dans le montage de véhicules particuliers en Algérie. Dans ce cas de figure, les citoyens auront le choix entre plusieurs modèles et plusieurs marques dans deux ou trois ans. Espérons in fine que le crédit à la consommation boostera la production locale et améliorera le taux d'intégration des produits. Du coup, il contribuera à la réduction de la facture importations. Encore faut-il que l'Etat joue son rôle de régulation. Par : K. Remouche [email protected] Lire le dossier