L'auteur de la demande de recours doit produire l'historique de sa consommation en énergie établie par Sonelgaz et les bulletins de notes scolaires, attestant que les enfants sont bel et bien scolarisés dans les écoles de la localité Plus de 450 familles ont été laissées en... rade, sinon abandonnées à leur triste sort au second jour de la 20e opération de relogement des occupants du méga-bidonville de Aïn Melha, à Gué de Constantine, a déclaré une source sous le sceau de l'obligation de réserve. "On en était hier à midi (Ndlr : 3 février) à 274 recours, avant d'atteindre durant la matinée de jeudi environ 465 recours dûment enregistrés auprès de la cellule de recours ouverte, comme de tradition, à la salle omnisports sise au lieudit Semmar", a-t-on su de ce commis de l'Etat qui a requis l'anonymat. "Sachez toutefois qu'un recours ne signifie nullement un rejet ou une exclusion de fait. Au contraire, lorsqu'un prétendant à l'accession d'un logement neuf est bloqué par le filtre des services de la wilaya d'Alger, ce n'est que momentané, car ce dernier doit satisfaire d'abord à trois critères, dont l'obligation d'être titulaire d'une carte nationale d'identité ou toute autre pièce dûment authentifiée par le sceau de la wilaya déléguée à la circonscription administrative du lieu de sa résidence. Outre cela, l'occupant de la baraque doit produire l'historique de sa consommation en énergie établie par l'opérateur public Sonelgaz et les bulletins de notes scolaires, attestant que les enfants sont bel et bien scolarisés dans les écoles de la localité considérée, soit depuis la date du recensement jusqu'au jour J du relogement", a-t-on appris d'Ould Beziou Saïd, le vice-président chargé de l'environnement auprès de la mairie de Gué de Constantine, que nous avons rencontré sur le terrain de l'opération en train de coordonner l'action de la DTP, Erma, Sonelgaz, Asrout et Edeval. "Du reste, la feuille de route vers le logement neuf demeure ouverte et disponible pour l'intéressé jusqu'à ce que l'occupant de la baraque ait argumenté sa position réelle, à l'aide des documents énumérés qu'il doit annexer à sa requête pour qu'elle soit examinée par la commission de recours de la wilaya d'Alger." Seulement, cela ne peut se faire dans l'immédiat ! D'où le défaut pour la plupart de ces malheureux de produire autant de documents à la veille d'une opération de relogement qui a coïncidé avec le week-end, synonymes de jours fériés pour l'école, l'APC et Sonelgaz. De la sorte, l'engin à l'inexorable boule démolisseuse n'attend pas, du fait qu'il emporte sous ses chenilles toute l'enfilade de baraques érigées sur son passage. C'est le cas de cette matinée de jeudi, où l'on avait inventorié aux environs de midi le déménagement de 800 familles de l'îlot B du bidonville de Aïn Melha et autant de baraques démolies. Autres révélations à la limite hallucinante. "Il est certes vrai qu'il y a des occupants de baraques qui sont titulaires de cartes d'identités établies par d'autres wilayas déléguées de quartiers huppés, que celle de Gué de Constantine, ainsi que des enfants qui sont scolarisés dans des quartiers cossus, soit ailleurs qu'à Aïn Naâdja. À ce titre, a-t-on pour autant le droit de pénaliser ces citoyens et leurs enfants qui ont à cœur de s'en cacher pour leur employeur ou pour leurs proches, qu'ils résident en réalité dans une favela ?", s'est interrogé notre interlocuteur. Tout bien considéré, les fonctionnaires de la wilaya d'Alger donnent l'impression d'être aux antipodes de la réalité d'un terrain livré depuis plus de vingt ans à la débrouille. Rappelons toutefois que l'opération de relogement a débuté mercredi dernier de 5h à 22h30 pour reloger 861 familles de l'îlot A et 301 familles de l'îlot C vers de nouveaux sites, dont Dergana à l'est d'Alger, Birtouta dans la Mitidja et Kourifa à El-Harrach. Et à pile 18h, où nous quittons Aïn Melha, les camions finissaient d'évacuer 1147 familles de l'îlot B vers Kourifa (El-Harrach), Draria et Souidania (ex-Saint-Ferdinand) à l'ouest d'Alger. Qui dit mieux ? Autre couac, la force publique avait fort à faire avec les braconniers de la récup, venus seuls ou en groupes pour la collecte de fenêtres persiennes ou pour glaner ce qu'il y a de viable dans le tas d'ameublement usé jusqu'à... la corde et laissés là par les sans-logis qui ont déguerpi sans demander leur reste. D'ailleurs, tout n'est que bénef pour ces gens-là, qui ont investi si peu, soit dans le qazdir, pour obtenir au final un logement neuf, alors que d'autres, plus pudiques, espèrent tant accéder un jour à ce logement, pour lequel ils ont économisé toute une vie de travail. Louhal N.