Selon le quotidien français Le Monde, Thomas de Maizière, ministre allemand de l'Intérieur, se rendra en Algérie, au Maroc et en Tunisie pour évoquer cette question. Pas moins de 1 600 Algériens ont demandé, en janvier dernier, le statut de réfugiés en Allemagne. C'est ce qu'a rapporté, dans son édition d'hier, le quotidien français Le Monde et qui a soulevé l'épineuse problématique des réfugiés maghrébins qui formulent de plus en plus des demandes d'asile pour contourner leur statut de sans-papiers. En effet, selon ce journal, ce sont 3 370 Maghrébins, dont 1 600 Algériens, 1 600 Marocains et 170 Tunisiens qui sont fichés chez les services d'émigration au ministère allemande de l'Intérieur. Pourtant, le Conseil des ministres avait adopté, le 3 février dernier, un projet de loi, dont toutes les résolutions relèvent que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont des pays "sûrs". Autrement dit, les ressortissants de ces trois pays n'auront, désormais, aucun argument à faire valoir pour s'installer en Allemagne, du fait qu'ils n'encourent aucun risque de persécution sur leur sol, d'une part, et ne présentent aucune preuve qui pourrait plaider en leur faveur s'ils venaient à faire un recours devant les juridictions compétentes. Le Monde révélera, en ce sens, que, pour Peter Altmaier, ministre de la Chancellerie chargé de la coordination du dossier des réfugiés, "il s'agit d'envoyer un signal clair que ça ne vaut pas la peine de venir en Allemagne quand on est Algérien, Tunisien ou Marocain". Du coup, indique la même source, les trois pays maghrébins "s'ajoutent à une liste déjà longue qui comprend six pays des Balkans occidentaux, dont l'Albanie, la Bosnie, le Kosovo, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie", d'une part, "et deux pays africains, à savoir le Ghana et le Sénégal", de l'autre. Cette reconfiguration d'accueil des réfugiés en Allemagne devra avoir l'approbation du Bundesrat, la Chambre haute du Parlement, où le gouvernement a besoin de l'accord de toutes les parties. Ainsi, révèle encore la même source, le vote au Bundesrat interviendra le 18 mars afin de redéfinir la qualification de "pays sûrs". En revanche, si la Chambre haute du Parlement venait à statuer définitivement sur le qualitatif de "pays sûrs", l'Allemagne sera contrainte à revoir en profondeur son Travel Warning, c'est-à-dire l'ensemble des consignes de sécurité destinées à ses ressortissants dans ces pays. En Allemagne, les rumeurs vont bon train et le quotidien Bild avait même rapporté une information selon laquelle "le ministère de la Coopération était prêt à payer plusieurs millions d'euros pour financer des programmes destinés à favoriser l'emploi et la formation dans les pays du Maghreb en échange d'une meilleure coopération de ces pays pour accueillir ceux qui seraient renvoyés d'Allemagne. Une information démentie", souligne encore Le Monde. Celui-ci annonce également une tournée, vers fin février, de Thomas de Maizière, ministre allemand de l'Intérieur, en Algérie, au Maroc et en Tunisie pour prendre la température politique et la situation générale des droits de l'Homme. Selon la même source, "Thomas de Maizière doit se rendre fin février dans ces trois pays pour évoquer ces questions". FARID BELGACEM