Voilà qui conforte les plus sceptiques et confond les autorités. C'est à la veille de l'adoption du projet de loi de la nouvelle Constitution dont on ressasse qu'elle vise à consacrer les libertés et renforcer les droits de l'opposition, que des militants et animateurs de la société civile, au nombre de six, dont le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), Me Salah Dabouze, ont été arrêtés à Bab Ezzouar, alors qu'ils s'apprêtaient à tenir une réunion pour discuter de la situation politique, économique et sociale que traverse l'Algérie. "Avant de rejoindre la Maison des syndicats, on a remarqué autour un grand dispositif de sécurité. Avant d'entrer dans le bâtiment, des policiers nous ont encerclés et nous ont demandé de les suivre au commissariat d'El-Djorf. Ils nous ont dit qu'ils ont agi sur décision du wali", a expliqué à Liberté Me Dabouze, joint par téléphone. "On a demandé une copie de cette décision, mais ils ont refusé de nous la donner", précise-t-il. "Pourtant, on a déjà tenu dans le même lieu des conférences, le congrès, c'est une salle privée", s'insurge-t-il encore. Selon lui, la réunion devait porter sur les lois adoptées, qualifiées de "dangereuses", comme la loi de finances, la loi sur les associations qui "étouffe la société civile" ou encore sur la Constitution que les deux Parlements réunis vont adopter aujourd'hui sans l'ombre d'un doute. Peu avant leur libération à la mi-journée, la Laddh, via son bureau d'Oran, s'est fendue d'un communiqué dans lequel elle a dénoncé cet acte qui "s'apparente à de la piraterie". "Une simple réunion entre Algériens et Algériennes qui ne font pas partie de la clientèle du régime, met au jour la véritable nature répressive du régime, contrairement aux discours lénifiants et autres balivernes colportées par les épigonées du régime", écrit cette ONG (aile de Me Dabouze), et réaffirme "son droit de discuter de la situation politique, économique et sociale que traverse l'Algérie et de prendre toutes les initiatives avec les vrais militants et militantes pour réinstaller l'espoir au sein de la population". D'après Me Dabouze qui a alerté la fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Front Line Defenders, les six personnes ont convenu de déposer aujourd'hui une plainte contre "des agents de police non identifiés" auprès du parquet d'El-Harrach, en s'appuyant sur l'article 107 du code pénal, lequel dispose que "lorsqu'un fonctionnaire a ordonné ou commis un acte arbitraire ou attentatoire, soit à la liberté individuelle, soit aux droits civiques d'un ou de plusieurs citoyens, il encourt une peine de réclusion à temps, de cinq à dix ans". Un appel a été également lancé à la société civile et aux partis politiques pour dénoncer ces atteintes aux libertés. Karim Kebir