Certains responsables de la Révolution n'ont jamais pardonné à Abane Ramdane les deux résolutions majeures de la primauté du politique sur le militaire et celle de l'intérieur sur l'extérieur qu'il a introduites au Congrès de la Soummam, a expliqué l'ancien membre de la délégation qui a négocié les accords d'Evian et ancien chef de gouvernement. Certains responsables de la Révolution n'ont jamais pardonné à Abane Ramdane les deux résolutions majeures de la primauté du politique sur le militaire et celle de l'intérieur sur l'extérieur qu'il a introduites au Congrès de la Soummam, a expliqué l'ancien membre de la délégation qui a négocié les accords d'Evian et ancien chef de gouvernement. Pour preuve, a cité Rédha Malek, qui a animé une rencontre jeudi, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, à l'invitation de l'association Abane-Ramdane, pour la mémoire et l'histoire : "Lors de la réunion du CCE en août 1957 au Caire, le CCE a été élargi de 5 à 9 membres avec l'entrée en son sein de Ferhat Abbas, et des militaires tels que Boussouf et Omrane, Abane a juste maintenu sa place, il a failli être éliminé parce qu'on a remis en cause les résultats de la Soummam. La primauté du politique sur le militaire a été alors battue en brèche. Les militaires, qui étaient là, ne voulaient pas être subordonnés au politique." Pour Rédha Malek : "Il y avait là une mauvaise interprétation." Mais cela, dit-il, n'a pas empêché que les deux principes, à savoir ceux de la primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur, soient abrogés. "Nous sommes allés plus loin encore : lorsqu'Abane est rentré de la réunion du CNRA, nous nous sommes réunis avec lui dans la commission de l'information et il nous a informés qu'en plus des deux principes abrogés, on a dit que le mot Révolution devait être supprimé, et qu'il fallait juste parler de guerre de Libération, mais nous avons conclu que nous allions le maintenir car pour nous, ce n'était pas possible de faire une guerre aussi dure, aussi longue et aussi coûteuse, et ne pas changer les mentalités, les structures sociales", a-t-il expliqué, tout en soulignant que "c'est là que les gros malentendus ont commencé". Or, pour Rédha Malek, lorsque la primauté du politique sur le militaire a été introduite, Abane a compris que la Révolution ne se réduit pas à une action purement militaire, mais qu'il fallait diriger la Révolution sur le plan politique. Il fallait, dit-il, savoir où mettre les pieds et cela s'appelle avoir de la stratégie. "C'était le Congrès de la Soummam, dont Abane a été l'artisan majeur, qui a doté la Révolution d'une stratégie et qui lui a donné un visage et un guide à travers la plateforme de la Soummam", a encore expliqué le conférencier, non sans rappeler qu'avant la structuration de la Révolution à la Soummam, il y avait des maquis et des responsables mais ils n'étaient pas connus et la lutte avait été menée sans qu'on sache l'identité de tout ce monde qui la menait. "Après ce congrès, à travers lequel Abane a réussi à créer un véritable front national, à fédérer toutes les forces politiques en présence et surtout à mettre fin au tribalisme, à la dispersion et à l'atomisation, le FLN héroïque de l'époque avait fini par avoir un visage, et ce visage a fini par rayonner sur le plan international et a permis à la Révolution d'avancer d'une façon substantielle. Abane, Ben M'hidi et d'autres ont ainsi donné à la Révolution une impulsion extraordinaire sur le plan interne et externe", a-t-il estimé, tout en qualifiant Abane Ramdane de "vrai visionnaire", "d'artisan génial" et de "combattant indomptable" qui a fait, dit-il, de l'Indépendance de l'Algérie un objectif fondamental et surtout un préalable à toute négociation avec la France. "Il était contre tout faux compromis et fausse compromission. Il n'arrêtait pas de nous dire qu'il ne faut pas reculer", se souvient-il encore, avant de conclure que "s'il y a un homme qui mérite admiration et reconnaissance, c'est bien Abane Ramdane. Nous restons fidèles à son message qui est encore d'actualité car il s'agit de l'Algérie souveraine, maîtresse de son destin, unie et forte, démocratique et courageuse et toujours debout". Samir LESLOUS