Dans la journée de samedi, Ramdane Asselah s'est rendu à Ighil Imoula (son village natal) pour signer cet ouvrage autobiographique. Dans son entretien avec les jeunes, il a tenu à rappeler toutes les souffrances de ses compagnons pour arracher cette liberté dont jouit aujourd'hui tout le peuple algérien. Après deux sorties dans des librairies d'Alger, l'écrivain Ramdane Asselah a choisi de retourner dans son village natal d'Ighil Imoula, ce "haut lieu historique" où fut tirée en milliers d'exemplaires la fameuse proclamation du 1er novembre 1954. Il a aussi préféré rencontrer le grand public, avant-hier, non seulement pour dédicacer son premier livre autobiographique intitulé Mémoires d'un militant de l'OS, paru au début du mois de février aux éditions Gaia, mais aussi pour dialoguer avec les jeunes et le grand public de la région venu en masse pour revisiter le parcours de ce nonagénaire, né justement dans ce village d'Ighil Imoula qui signifie en kabyle "la crête du versant Ouest" où, dès ses premières années d'adolescence, il milita au sein du PPA avec d'autres jeunes de son âge. Ramdane Asselah fut ensuite arrêté en 1950 après le démantèlement de l'Organisation secrète où il assumait les responsabilités de chef section radio et transmissions dans le 3e état-major présidé par Ahmed Ben Bella et sous le commandement d'Arab Moh dit Mokrane. Dans cet ouvrage de 258 pages, il retrace tout son parcours révolutionnaire depuis son engagement dans le mouvement nationaliste jusqu'à son emprisonnement au début des années 50. Dda Ramdane dira d'emblée que la lutte mène toujours à la liberté et elle est l'unique recours pour survivre à toute brutalité. Pour lui, c'était à partir de cette idée que fut créée l'OS qui devait justement préparer la lutte armée. Devant les jeunes présents en force, l'enfant d'Ighil Imoula a tenu à rappeler toutes les souffrances de ses compagnons pour arracher cette liberté dont jouit aujourd'hui tout le peuple algérien. "Beaucoup de sacrifices ont été consentis durant la lutte armée contre l'occupant. Dans ce village historique, ils étaient plus de deux cents jeunes à avoir rejoint les maquis et quatre-vingt dix neuf d'entre eux ne sont pas revenus, car tous tombés au champ d'honneur", entonne d'une voix presque inaudible l'orateur à cause de son âge avancé. De fil en aiguille, il retrace son engagement depuis son adolescence au village jusqu'à son escapade de Kabylie et son errance à Alger, sans oublier son entrée précoce dans la vie active et les métiers ingrats, puis son retour au village et son éveil au nationalisme. Il relate alors les étapes charnières de son parcours révolutionnaire à travers des chapitres où il évoque ses souvenirs, ses souffrances, ses activités au sein du PPA et des AML, les manifestations du 1er mai 1945, puis la tragédie du 8 mai 1945. En somme, une série d'événements successifs qui l'ont fortement marqué à jamais. Ramdane Asselah rapporte aussi les péripéties de son recrutement au sein de l'OS, la crise berbériste de 1949, des fuites au sein de l'OS soldées finalement par son démantèlement et son arrestation, puis son incarcération à la prison de Blida. Dans le dernier chapitre, l'auteur évoque la cassure consommée entre les deux tendances du MTLD et le déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954. Il a également insisté dans d'autres pages sur la guerre de libération où il avait continué à militer au sein du FLN jusqu'au jour de son arrestation en 1956. À l'âge de 90 ans qu'il bouclera le 11 avril prochain, cet ex-responsable de l'OS écrit dans son prologue : "Pour occuper une partie de mes journées de retraité et pour autant que le permettra ma mémoire, je vais essayer de raconter des faits et des événements qui m'ont directement concerné ou dont j'ai été témoin." En clair, cet ouvrage est un témoignage et un legs pour les générations actuelles et futures qui devront s'imprégner de la souffrance de ces hommes, à l'image de ce militant nationaliste de la première heure. O. Ghilès