Amar Saâdani, en tant que chef de parti qui dispose de la majorité parlementaire, réclame le Premier ministère, ou au moins à être consulté pour la désignation et la composition du gouvernement, comme le stipule la nouvelle Constitution. La guerre verbale qui oppose depuis plusieurs semaines le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, et le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, n'est pas près de s'estomper. Et ce, malgré l'envie et la volonté affichées par Ouyahia de mettre fin à l'escalade verbale. Ainsi, Amar Saâdani ne semble pas convaincu des tentatives d'apaisement et de la trêve annoncée par Ouyahia, qui a qualifié celui-ci, lors d'un meeting animé récemment à Skikda, "de frère" et le FLN d'"allié stratégique". Hier matin, lors de l'ouverture des travaux de la rencontre des étudiants du FLN, Amar Saâdani a nié l'existence d'un différend personnel avec le SG par intérim du RND, mais le conflit entre les deux hommes est, selon lui, d'une autre nature. "Je n'ai pas de problème personnel avec Ouyahia", a-t-il dit, mais sur le plan politique, "je ne fais pas confiance à Ouyahia" et encore moins "à la trêve qu'il a annoncée". La réponse de Saâdani alimente donc l'échange "d'amabilités" entre les deux hommes, poussés, faut-il le souligner, par leur quête de prendre les rênes du futur gouvernement. D'un côté, Amar Saâdani, en tant que chef de parti qui dispose de la majorité parlementaire, réclame le Premier ministère, ou au moins à être consulté pour la désignation et la composition du gouvernement, comme le stipule la nouvelle Constitution. Et d'un autre côté, Ahmed Ouyahia que la rumeur donne comme successeur probable d'Abdelmalek Sellal à la tête de l'Exécutif. Amar Saâdani ne lâche pas prise. Il est revenu, hier encore, à la charge pour exiger le poste de Premier ministre et plus de portefeuilles pour sa formation. Sur un autre volet, le SG du FLN s'en est pris avec virulence aux partis de l'opposition réunis dans la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) qu'il accuse d'être dépourvus de programmes politiques, hormis celui de vouloir prendre le pouvoir. "Leur seul projet, leur seule motivation sont le poste de président", a-t-il dit devant les étudiants dans la matinée d'hier, avant de le répéter lors de l'ouverture des travaux de la réunion du bureau politique tenue au siège du parti. La réplique de Saâdani à l'adresse de l'opposition vient dans un moment où la CNLTD s'apprête à tenir son second congrès prévu le 27 mars, et pour lequel elle fait d'ores et déjà face à un problème de salle pour accueillir ses membres. "Elle est complexée notre opposition", a-t-il dit, ajoutant que "la plupart de ses animateurs étaient déjà au sein du pouvoir ou comme ancien chef de gouvernement. Ces gens ont soutenu le Président et défendu son projet". Le SG du FLN reproche, par ailleurs, à l'opposition, son discours qu'il a qualifié "d'alarmiste". "Cette opposition ne s'est jamais exprimée sur les dangers qui guettent notre pays aux frontières", a-t-il accusé, considérant que "la défense de la nation prime sur les échéances électorales". Dans une accusation encore plus grave, Amar Saâdani a estimé que le discours de l'opposition sur la situation du pays, les atteintes aux libertés, l'insécurité... "est un message clair pour une intervention et ingérence étrangère". Toujours à l'adresse de l'opposition politique à laquelle il fait endosser tous les maux du pays, Saâdani lance un appel pour rejoindre l'initiative du FLN qui consiste en la mise sur pied d'un front interne, qui sera, selon l'initiateur, "un rempart contre les dangers" et un "soutien à l'armée et aux autres services de sécurité dans leur mission de défense du territoire". Il a annoncé qu'une rencontre à la Coupole d'Alger des partis et autres associations adhérentes à cette initiative aura lieu dans les prochains jours. Mohamed Mouloudj