Attendu comme un messie, Ahmed Ouyahia sera le grand homme de la rencontre d'aujourd'hui Les membres du conseil national, les parlementaires et autres élus ont signé une motion de soutien pour le retour d'Ahmed Ouyahia. Le Rassemblement national démocratique se taillera un nouveau destin aujourd'hui. Attendu depuis son départ par la base militante du parti, Ahmed Ouyahia va reprendre les rênes de son parti et le repositionner dans la scène politique nationale, notamment parmi la famille pro-pouvoir qui tend de plus en plus à se mettre sous la coupe d'un FLN-Etat que Amar Saâdani a bien réussi à réinventer. Selon un membre du conseil national du RND, «le seul point retenu à l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui est la réélection d'un nouveau secrétaire général par intérim». De plus, nous précise notre source «Il s'agit en vérité d'un plébiscite parce qu'il n'y a pas d'autres candidats à ce poste et le retour de Ouyahia, en plus du fait d'être réclamé par l'écrasante majorité de la base militante et des membres du conseil national, ne suscite le mécontentement d'aucun cadre, y compris ses adversaires qui ont remué ciel et terre pour le faire partir il y a quelques mois». En effet, depuis plus d'un mois, 98% des membres du conseil national, des parlementaires et autres élus ont signé une motion de soutien pour le retour de Ahmed Ouyahia à la tête du parti. Selon l'article 42 des statuts du parti, un congrès extraordinaire devrait se tenir au maximum trois mois après pour la désignation d'un secrétaire général par intérim pour élire un secrétaire général de pleins pouvoirs. Attendu comme un messie, Ahmed Ouyahia sera donc le grand homme de la rencontre d'aujourd'hui. Connu pour sa loyauté pour le président de la République, pour sa discipline et sa rigueur, il est appelé à remettre le RND sur les rails et à le re-dynamiser et le faire sortir de la léthargie dans laquelle il a été plongé par Abdelkader Bensalah. «Depuis l'arrivée de Bensalah, le parti est entré dans une phase de stagnation terrible. Cela fait des mois que plusieurs bureaux de wilayas se débattent dans des crises et il n'a même pas pu nommer de nouveaux secrétaires», nous explique la même source, avant d'ajouter: «Ouyahia est un homme rigoureux qui connaît très bien la valeur du temps. Il nommera les secrétaires de wilayas très rapidement et s'attellera ensuite à préparer les élections sénatoriales qui vont intervenir très prochainement». Néanmoins, la tâche partisane interne, bien que fort importante au regard de la rivalité qui existe entre les partis au pouvoir, notamment avec le FLN qui aspire à une position hégémonique, et les partis d'opposition qui sont de plus en plus offensifs, le rôle que Ahmed Ouyahia est amené à jouer sur la scène politique nationale est beaucoup plus important et est lié à l'agenda du pouvoir. Notre source nous apprend en effet que Ouyahia va oeuvrer à «vulgariser l'initiative du président de la République et donner plus de substance au projet de révision de la Constitution». Pour rappel, Ahmed Ouyahia a démissionné le 3 janvier 2013 de son poste de SG du parti qu'il avait occupé depuis 1999 pour, avait-il argumenté, préserver l'unité du parti. Abdelkader Bensalah dont la démission récente prend effet depuis le 5 juin dernier, a également évoqué le même motif. Le motif de l'unité des rangs du RND et de sa stabilité peut être banal pour certains, mais pas pour les cadres de ce parti qui assimilent volontiers la cohésion du RND à celle du pays, logique que l'on ne trouvait jusque-là que chez certains caciques de l'ex-parti unique. «La stabilité du RND garantit celle du pays», nous martèle un cadre du RND issu de la wilaya de Tizi-Ouzou. C'est dire que le leadership ne se dispute pas seulement entre les partis d'opposition et ceux au pouvoir, mais aussi entre ces derniers eux-mêmes. M.Ouyahia peut-il faire du RND la première force politique du pays devant le FLN qui, en plus d'être «dans les bonnes grâces du président et du chef d'état-major», occupe une position hégémonique au gouvernement?