Résumé : Aïssa apprend que Tassadite travaille dans une famille qu'elle ne peut quitter même pour l'épouser. Elle se rappellera toujours de la manière dont elle avait été chassée de leur maison. Aïssa tente de se justifier. Après tout, c'était lui le stérile et le coupable. La nuit était tombée depuis un temps déjà. Au loin, on entendait les aboiements des chiens, et un hibou pousse un cri lugubre. Tassadite sursaute : -Il faut que je rentre, sinon on va penser que je me suis perdue ou que quelqu'un s'est attaqué à moi. -Mais... Et ta réponse ? -Tu l'auras demain. Je vais devoir poser quelques conditions. -Demain ? Où pourra-t-on se rencontrer ? Elle réfléchit rapidement : -Vers la mi-journée, je sortirai pour chercher du bois. Nous pourrions nous rencontrer sur le chemin de la rivière. À cette heure-là, il est rare de rencontrer quelqu'un dans cet endroit. Elle me plante là et contourne la maison pour rentrer en refermant la porte avec grand fracas derrière elle. Je passe la nuit dans une grange. Ma patience venait d'être mise à rude épreuve. J'attendais le matin sans pouvoir fermer les yeux une seule seconde. Tassadite ne refusait pas ma demande, mais elle avait dit qu'elle allait poser des conditions. De quoi voulait-elle donc parler ? Au fur et à mesure que les heures s'égrenaient, je devenais fébrile. Cette jeune femme m'intriguait. Elle était simple mais possédait un caractère de fer. Je quitte la grange au petit matin. Ne tenant plus en place, je fais un tour au marché du village et achète un coupon de tissu et quelques bricoles que je voulais offrir à ma dulcinée. Elle arrive à l'heure et à l'endroit indiqués. Tout comme la veille, elle portait une cruche. Mais cette fois-ci je pouvais la contempler à ma guise à la lumière du jour. Tassadite me parut encore plus belle. Elle avait pris quelques kilos, et les rondeurs de son corps ne passaient pas inaperçues. À n'en pas douter, elle devait avoir un tas de soupirants. En me voyant, elle rougit et s'approche de moi. Je tente alors d'engager rapidement une conversation : -Bonjour Tassadite ! Tu vois comme je suis à l'heure pour notre rendez-vous ! Elle hoche la tête : -Oui. Et tu avais intérêt, car c'est la seule fois où tu pourras me voir seule. Je n'aimerais pas susciter des racontars malveillants à mon égard, surtout que tu es étranger au village. -Alors faisons vite. As-tu réfléchi à ma proposition ? -Oui. Je ne pourrais refuser l'opportunité de fonder un foyer avec un homme tel que toi. Seulement... -Seulement ? -Voilà... Il faut que tu saches que je suis redevable de beaucoup à mes bienfaiteurs, et je ne peux pas les quitter du jour au lendemain en laissant une femme enceinte et malade avec un bébé de moins d'une année sur les bras. -Tu veux parler de la famille qui te prend en charge en ce moment ? Ou plutôt que tu prends en charge... Elle agite la main : -Non, je ne prends personne en charge, Aïssa. En ai-je d'ailleurs les moyens ? Je dois beaucoup à ces gens au grand cœur qui m'ont évité de mendier chez autrui. Chez eux, je ne suis pas considérée comme une étrangère. Je mange à ma faim et je suis en sécurité. -Qui sont-ils ? -Des gens venus d'un autre village. Hemmama et Kaci se sont mariés il y a cinq années. L'homme est issu d'une grande famille, mais la femme n'a pas eu ce privilège. Elle était la fille d'un simple paysan qui gagnait durement sa vie. Lorsque Kaci avait voulu épouser sa fille, il y eut un véritable raz de marée au village. Toute sa famille s'y était opposée. (À suivre) Y. H.