La cour d'assises d'Oran a condamné, lundi, à la prison à perpétuité trois Marocains pour exportation de drogue et un Algérien pour importation de cannabis, et acquitté deux Algériens impliqués dans un dossier portant sur une saisie de "seulement" 30 kg de kif. Le déclencheur de l'affaire est Hammal Mustapha, 30 ans, sans instruction, qui a été interpellé à Béchar, en juin 2014, en possession de six kilos de résine de cannabis qu'il venait d'introduire du Maroc. Interrogé, il révèle qu'il est en contact avec Dadi Hichem, un Marocain qui lui a déjà fourni "gracieusement" trois kilos en plaquettes de 100 grammes, qu'il a réussi à écouler à raison de 4 000 DA l'unité pour un montant total de 90 000 DA. "Mais comme je ne savais pas vendre correctement, Hichem m'a demandé de me contenter de transporter la drogue à un certain Kouider en contrepartie de 1 500 DA le kg", a reconnu Mustapha, à la barre, en revenant sur ses premières déclarations impliquant ses coaccusés. Car, selon l'accusation, c'est lui qui aurait mené les services de sécurité à El-Kahoua, une grotte située près de la frontière avec le Maroc, où deux Marocains, Dadi Abdelhadi, 31 ans, et Reguieg Mimoun, 26 ans, semblaient se terrer. Après un rapide ratissage, deux sacs-à-dos contenant 24 kg de kif seront découverts, que les enquêteurs relieront immédiatement aux deux Marocains. En se basant sur les déclarations de Mustapha et les appels téléphoniques des uns et des autres, les services de sécurité interpelleront deux jeunes Algériens, B. Abdelaziz, 28 ans, et A. Brahim, 30 ans, et présenteront tout le monde au magistrat instructeur qui les inculpera sous les chefs d'accusation d'importation et exportation (selon la nationalité) de stupéfiants, stockage, transport et commercialisation en bande criminelle organisée. Seul Dadi Hichem, soupçonné d'être le fournisseur, échappe aux recherches. Hormis Hammal Mustapha qui reconnaît la seule charge de possession de 6 kg de kif, les autres inculpés rejetteront en bloc les accusations qui pèsent sur eux, les deux Marocains justifiant leur présence à Béchar par le commerce de dattes et de cigarettes. Ce qui fera sourire le représentant du ministère public qui, après un bref retour sur l'historique du dossier, affirmera que les accusations sont fondées et étayées par suffisamment d'éléments à charge. Et compte tenu de la gravité des faits, il requerra la perpétuité pour tous les inculpés. La défense, elle, pense qu'au contraire, le dossier d'accusation manque cruellement de preuves tangibles pour oser réclamer une peine aussi lourde. "Des échanges téléphoniques entre Hammal Mustapha et B. Abdelaziz, qui sont voisins de quartier, ne prouvent pas la complicité", plaidera l'avocat de ce dernier. "L'accusation n'a pas démontré que les 24 kg retrouvés sous terre appartiennent à nos clients", affirmera l'avocat des ressortissants marocains. Et tous plaident l'acquittement de leurs mandants à l'exception de l'avocate de Hammal Mustapha qui réclamera les circonstances atténuantes tout en récusant les accusations autres que la possession de drogue. Après délibérations, le tribunal suivra le réquisitoire en ce qui concerne Hammal Mustapha, Dadi Abdelhadi, Regiueg Mimoun mais acquittera B. Abdelaziz et A. Brahim. Dadi Hichem sera, lui, condamné à perpétuité par contumace. S. Ould Ali