La crise profonde dans laquelle sombre, au quotidien, la Syrie semble inspirer bien des parties qui appellent à sa partition pour mettre fin à une guerre civile qui dure depuis cinq ans. En effet, selon l'agence de presse moscovite Sputnik News qui reprend la revue Foreign Policy, l'ex-commandant suprême des forces alliées en Europe vient de suggérer la partition de la Syrie, et ce, à l'instar de la Yougoslavie, de la Bosnie et de l'Irak. L'amiral James Stavridis estime "qu'il est temps de tenter d'autres solutions, notamment la partition du pays (...) Les tentatives visant à trouver une solution pour la Syrie sont entravées par l'incapacité des principaux acteurs de parvenir à un accord. Les Etats-Unis et la Russie divergent sur le sort d'Al-Assad. L'Arabie saoudite et l'Iran se sont enlisés dans un conflit géopolitique et religieux. Enfin, la Russie et la Turquie n'arrivent pas à s'entendre sur des questions stratégiques et tactiques". James Stavridis ira plus loin et affirme "qu'il est tout à fait évident que l'Etat syrien n'existe plus. La nation est déchirée par la guerre civile. Des régions importantes du pays sont gouvernées par des chefs qui ne prêtent allégeance à personne et haïssent les restes de l'Etat souverain", lit-on encore sur le site de l'agence russe. Cet ex-amiral reconnaît, tout de même, que "cette solution est lourde de multiples complications". Il propose donc que la Syrie soit divisée en une région alaouite, autour de Damas, dirigée par Bachar el-Assad ou son successeur, une région centrale avec un régime sunnite modéré et, enfin, une enclave kurde dans l'est, indique la même source. D'autres voix jugent que cette option est inappropriée et pourrait créer de profonds problèmes communautaires, comme elle constituerait "un mauvais exemple" pour les minorités dans le monde. Moscou s'est complètement opposé hier, affirmant par la voix du porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov que "l'unité de la Syrie est une question essentielle pour la Russie", a rapporté Reuters, citant des médias russes. La Turquie s'opposera également à l'existence d'un Etat kurde ou même d'une région autonome kurde à sa frontière. Par ailleurs, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan De Mistura, a annoncé, depuis Moscou, des élections présidentielle et législatives en Syrie sous l'égide de l'ONU dans les 18 mois à compter du 14 mars. À l'ordre du jour des discussions destinées à mettre fin au conflit en Syrie prévues à Genève du 14 au 24 mars, "un nouveau gouvernement inclusif, une nouvelle Constitution et de nouvelles élections". En parallèle, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé, hier, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan De Mistura à inclure les Kurdes dans les négociations de paix sur la Syrie. "Le lancement de pourparlers sans la participation de ce groupe serait un signe de faiblesse de la part de la communauté internationale", a estimé M. Lavrov. FARID BELGACEM