"Nous ne pouvons plus rester, le secteur public d'un côté et le secteur privé de l'autre. Ce potentiel doit se retrouver, avec des partenariats étrangers", a estimé Abdessalem Bouchouareb. Trois à quatre partenariats public-privé, permettant d'insuffler une vraie dynamique au secteur du textile et une diversification des segments d'activité, pourraient être signés avant la tripartite prévue en juin prochain. C'est l'objectif annoncé par le ministre de l'Industrie et des Mines, hier, en marge "des journées du textile algérien" organisée par la société Aida Consult à l'hôtel El-Aurassi (Alger), en présence des ministres du Commerce, de la Formation professionnelle, du Travail et de l'Enseignement supérieur ainsi que du président du Forum des chefs d'entreprise et du secrétaire général de l'UGTA. "Nous sommes décidés à aller sur cette voie", a assuré le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb. Le syndicat des travailleurs n'y voit pas d'inconvénient. "Je fais appel au président du FCE, pour signer avant la tripartite de juin deux à trois accords qui lanceront l'opération de partenariat public-privé", a lancé Sidi-Saïd, le SG de l'UGTA. Pour le président du FCE, "il serait vain de vouloir ranimer un secteur public vidé de sa substance sans lui assurer cette connexion vitale avec le partenaire étranger, d'une part, et avec le partenaire privé national, d'autre part". Evoquant la situation qui a prévalu dans la filière ces trente dernières années, le ministre de l'Industrie rappelle qu'avant même le démantèlement de l'accord multifibres dans les années 2000, la filière —textile, habillement et cuir — était déjà fortement déstructurée, conséquence d'une ouverture non maîtrisée du commerce extérieur. La production nationale de chaussure et de prêt-à-porter satisfait à peine 4% des besoins estimés à environ 400 milliards de dinars. Les 96% restants sont comblés par les importations. "Pour difficile qu'elle soit, c'est à partir de cette situation que nous avons entrepris de reconstruire depuis une année la filière dans sa totalité pour l'accompagner vers un nouveau positionnement stratégique, lui permettant à la fois une reprise rapide des parts naturelles sur le marché national et une insertion efficace dans la carte mondiale du textile", a indiqué M. Bouchouareb. "Entre la guerre du low-cost où la valeur ajoutée est minime et l'exigence du haut de gamme, nous avons nos propres atouts qui jouent en notre faveur et que nous commençons à valoriser, il nous faut en être convaincu !", a-t-il ajouté, estimant que le milieu de gamme tiré progressivement vers le haut reste un choix pertinent et cela pour plusieurs raisons. Le ministre de l'Industrie cite, d'abord, le potentiel du marché local à reconquérir et qui exprime une demande globale autour de 4 milliards de dollars. À cela s'ajoute la dynamique démographique entre 800 000 et un million de naissances par an et, donc, un premier gisement de 40 millions de consommateurs représentant un potentiel d'import-substitution pour l'ensemble de la filière textile, habillement et cuir (THC). Pour le ministre, cela renvoie à un concept plus large et plus ciblé, à savoir celui de "mieux importer". "Pour ce qui est du textile, au lieu d'importer du prêt-à-porter fini, nous lui préférerons l'acquisition des fibres, non encore produites chez nous, pour faire de la filature et du tissage", a précisé M. Bouchouareb, indiquant plus loin que le partenariat international constitue un axe stratégique du développement de la filière textile. Le complexe de Relizane, fruit d'un partenariat algéro-turc, est, à ce titre, un symbole de la volonté du gouvernement à construire cette filière intégrée. Meziane Rabhi