Les réserves de change ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015 pour s'établir à 143 milliards de dollars, contre 194 milliards de dollars en 2013. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que l'Algérie devra poursuivre ses efforts pour un ajustement budgétaire plus soutenu et des réformes structurelles de grande ampleur si elle veut résister au choc de la baisse des prix du pétrole. Sa résilience face à l'impact de la dégringolade des cours de l'or noir dépendra de sa capacité à rationaliser ses dépenses, à réformer ses subventions et à concrétiser la consolidation budgétaire. Le budget 2016 est salué par une mission d'experts du FMI qui a séjourné depuis 15 jours en Algérie dans le cadre des consultations au titre de l'article 4 des statuts du fonds. C'est "un pas décisif sur la voie de l'assainissement budgétaire que l'Algérie a franchi et qu'elle devra maintenir à moyen terme afin de rétablir la viabilité des finances publiques et assurer l'équité entre les générations", indique le communiqué de fin de mission. La baisse drastique des prix du brut ne donne pas, cependant, beaucoup de choix à notre pays, semble vouloir dire l'équipe du FMI. Le déficit budgétaire a presque doublé en 2015 par rapport à 2014, relève cette délégation, passant à 16% du PIB en raison de la baisse des recettes pétrolières. Une petite fenêtre reste néanmoins ouverte pour tenter de rétablir les équilibres budgétaires du pays. Le FMI évoque à ce propos, les marges budgétaires et extérieures accumulées par le passé qui offrent la possibilité de mener ces réformes de manière progressive et d'amortir les effets de l'ajustement. "Cette opportunité de refondre le modèle de croissance doit être saisie dès maintenant avant qu'un ajustement plus rapide ne devienne inévitable", avertit le FMI. Allusion faite aux réserves de change dont le niveau reste, certes, élevé mais qui ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015 pour s'établir à 143 milliards de dollars contre un maximum de 194 milliards de dollars en 2013. Compte tenu de la réduction de l'épargne budgétaire, l'Algérie, suggère le FMI, devra faire davantage appel à l'endettement pour financer les déficits à l'avenir. Le financement interne à travers des actions telles que l'emprunt obligataire est utile, selon M. Jean-François Dauphin, conseiller au département Moyen-Orient et Asie centrale auprès du FMI et chef de cette mission, pour engranger les finances nécessaires et développer également les marchés de capitaux. L'"endettement interne est utile mais il risque d'avoir un effet d'éviction sur l'économie, c'est-à-dire de mobiliser des fonds pour couvrir le déficit budgétaire au détriment du secteur économique", explique-t-il. En revanche, ajoute-t-il, l'"endettement extérieur est essentiel et souhaitable car il permet de diminuer ce risque d'éviction sur l'économie et ramènera des devises pour le pays". L'autre levier dont dispose le pays pour financer son économie concerne la cession d'actifs, ouverture de capital ou privatisation totale des entreprises publiques. Une chose est sûre, notre pays n'a d'autre option que de mobiliser des ressources en dehors du secteur des hydrocarbures. Pour cela, il doit ouvrir un vaste champ de réformes économiques. "Des réformes structurelles s'imposent pour soutenir l'activité durant la phase de rééquilibrage budgétaire et diversifier l'économie afin d'assurer une croissance forte et inclusive à moyen terme", affirme M. Dauphin. L'Algérie doit, dans ce sens, améliorer le climat des affaires, ouvrir davantage son économie aux échanges internationaux et à l'investissement étranger, faciliter l'accès à la finance et au développement des marchés des capitaux et assouplir la règle 49/51. Le représentant du FMI préfère que les subventions de l'Etat soient ciblées car celles généralisées profitent aux riches et non pas aux pauvres. Badreddine KHRIS