Les réserves de change de l'Algérie ont poursuivi en 2015 leur courbe descendante entamée une année auparavant suite au fléchissement des recettes d'exportations d'hydrocarbures couplé à une hausse fulgurante des importations. Après avoir frôlé les 195 milliards de dollars en mars 2014, ces réserves ont, ensuite, amorcé une tendance baissière en bouclant l'année à moins de 179 milliards de dollars avant de descendre encore pour s'établir à 143 milliards de dollars, en baisse de 35 milliards de dollars en douze mois, d'après les derniers chiffres avancés lundi à Alger par le conseiller au département Moyen-Orient et Asie centrale auprès du FMI, Jean-François Dauphin. "Les réserves de change se maintiennent, certes, à un niveau élevé mais elles ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015 pour s'établir à 143 milliards de dollars contre un maximum de 194 milliards de dollars en 2013", a souligné M. Dauphin qui a conduit une mission du Fonds monétaire international à Alger du 1er au 14 mars dans le cadre des discussions annuelles, menées entre cette institution et ses Etats membres, au titre de l'article IV des statuts du FMI pour l'évaluation annuelle de l'économie des pays. Cette poursuite de la contraction du matelas des devises est induite par le creusement du déficit de la balance des paiements sous l'effet du choc externe, résultat d'une baisse drastique et surtout continue des cours mondiaux du pétrole, avait expliqué en janvier le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, estimant que la situation actuelle est différente de celle de 2009 où les prix du pétrole s'étaient rapidement relevés. Auparavant, et particulièrement depuis 2006, les réserves de change montaient à hauteur, parfois, des 20 mds de dollars annuellement en passant de 77,8 mds de dollars en décembre 2006 à 110,2 mds à fin 2007, à 143,1 mds à fin 2008, à 147,2 mds à fin 2009, à 162,2 mds à fin 2010, à 182,2 mds à fin 2011, à 190,6 mds à fin 2012 et à 194 mds à fin 2013. Mais l'envolée des importations et la forte chute des cours pétroliers ont fortement contribué dans l'amenuisement des flux alimentant les réserves de change du pays. En effet, l'année 2015 a été marquée par un déficit de 13,71 milliards de dollars de la balance commerciale. Les exportations ont chuté de 40% par rapport à 2014 pour atteindre 37,787 milliards de dollars, alors que les importations se sont soldées à 51,501 milliards de dollars (-12%), selon les statistiques des douanes algériennes. Sous l'effet de ce choc, le compte courant de la balance des paiements a affiché un important déficit de 20,05 mds usd au cours des neuf premiers mois de 2015. A fin décembre 2014, la valeur du matelas en devises de l'Algérie était estimée à 178,94 mds usd, rappelle-t-on. Outre le repli des réserves officielles de change, le choc externe a sérieusement impacté les finances publiques, fortement tributaires de la fiscalité pétrolière, avec un creusement du déficit budgétaire et l'érosion des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), selon le dernier rapport de la conjoncture économique et financière du pays, présenté en janvier par M. Laksaci. Ainsi, les recettes de la fiscalité pétrolière ont atteint 1.834,14 milliards de dinars (mds DA) à fin septembre 2015 contre 2.603,4 mds DA à la même période de 2014. De même, le solde global du Trésor s'est détérioré davantage pour atteindre un déficit de 1.653,6 mds DA au cours des neuf premiers mois de 2015 contre un déficit de 789,6 mds DA à la même période de 2014, d'après les chiffres de la Banque centrale algérienne.