L'affaire des barbus en tenue afghane, qui occupent la place publique de Béjaïa depuis mardi dernier pour s'adonner à des prêches religieux, continue d'alimenter la polémique en suscitant des réactions, plus ou moins alarmantes, au sein de la société civile et des acteurs politiques locaux. En effet, la section du RCD de Béjaïa a rendu publique une déclaration dans laquelle elle tient à "mettre en garde les autorités locales quant aux périls subséquents à cette politique de pourrissement et de fuite en avant" et appelle la population à "redoubler de vigilance et de rester mobilisée afin de déjouer toute tentative de dépersonnalisation et de manipulation visant la région". Pour le RCD de Béjaïa, ce groupe "salafiste" qui, paraît-il, a sillonné plusieurs régions du pays, "procède quotidiennement à des prédications religieuses sur la place publique sous le regard silencieux et complaisant des autorités et des services de sécurité". Sinon, comment expliquer, déplorent les rédacteurs du document, qu'au moment où des rassemblements et des meetings pacifiques et citoyens sont violemment empêchés ou sommés d'avoir au préalable l'autorisation des services de la Drag, ces individus agissent paisiblement en toute impunité. "Sont-ils, alors, en mission commandée ?", s'interrogent les responsables du RCD de Béjaïa. De leur côté, les représentants de la société civile de Béjaïa qui se sont réunis, mercredi dernier, au siège du centre de documentation et d'information des droits de l'Homme (CDDH) dépendant de la LADDH, et ont décidé à l'unanimité, d'interpeller "en urgence" le wali, en lui demandant d'"assumer ses responsabilités en tant que premier magistrat de la wilaya devant l'incursion des salafistes sur des places publiques sous le regard complice des services de sécurité et des autorités". "Il ne suffit pas d'interdire aux partis ou aux associations toutes activités politiques dans des salles alors que les salafistes prêchent des discours sur l'espace public en toute assurance", s'indigne-t-on dans le communiqué diffusé par le responsable du CDDH, Hocine Boumedjane, sur sa page facebook. Les rédacteurs du communiqué appellent, par ailleurs, la population à "demeurer vigilante et à déjouer les tentatives de manœuvres déstabilisatrices de notre région à travers des provocations". "On arrête un guitariste, mais on tolère des groupes salafistes qui prêchent sur des espaces publics. Où est l'Etat de droit ?", dénonce-t-on. Les acteurs de la société civile n'ont pas manqué de "condamner la complicité des autorités et le silence du wali alors qu'au sein des résidences universitaires, des activités associatives sont interdites". A. HAMMOUCHE/K. OUHNIA