L'Algérie reste dans une position “relativement solide mais continue à faire face à d'importants défis”. C'est la conclusion à laquelle sont arrivés les experts du FMI à l'issue d'une série de consultations avec les autorités algériennes. Les relèvements de salaires de la Fonction publique et des entreprises publiques pourraient toutefois, nuancent-ils, entraîner des pressions à la hausse sur l'inflation qui pourrait atteindre près de 5% en 2011. L'Algérie a bien surmonté la crise grâce aux politiques prudentes de la dernière décennie. Les pouvoirs publics ont maintenu, selon leur rapport, une orientation budgétaire expansionniste et ont pris des mesures supplémentaires pour réduire l'impact de la contraction des exportations d'hydrocarbures en 2009. Depuis la mi-2009, la reprise de la demande d'hydrocarbures a amélioré le compte courant et les réserves internationales, qui sont extrêmement importantes soit 3 années d'importations de biens et de services en septembre 2010. “Toutefois, la récente crise montre que l'Algérie reste très dépendante des fluctuations des prix des hydrocarbures et des dépenses publiques”, constate le FMI. Le principal défi du pays consiste, relève le Fonds, à assurer une croissance durable, diversifiée et tirée par les investissements privés afin de réduire le chômage, qui est encore élevé parmi les jeunes. Les services du FMI estiment que les politiques monétaire et de change devraient tendre à absorber la liquidité excédentaire des recettes des hydrocarbures et à parer aux pressions inflationnistes qui pourraient résulter de la récente augmentation substantielle des salaires de la Fonction publique. “Les perspectives de moyen terme dépendront largement du programme de réformes structurelles des autorités pour renforcer davantage et développer le secteur financier, améliorer le climat des affaires et la compétitivité, promouvoir les investissements privés et soutenir la diversification économique”, affirment les représentants du FMI. Faiblesse des crédits au privé Ils avouent que les politiques budgétaire et monétaire prudentes menées ont contribué à maintenir l'inflation à un faible niveau et, dans une période d'augmentation des prix du pétrole, ont permis à l'Algérie de consolider sa position financière, avec des réserves de change importantes, une épargne budgétaire considérable dans un fonds de stabilisation pétrolier et un endettement public et extérieur minime. Néanmoins, en dépit des efforts pour diversifier l'économie, les “recettes des hydrocarbures représentent encore 98% des exportations et deux tiers des recettes budgétaires. Le secteur hors hydrocarbures est orienté vers l'intérieur et demeure largement tributaire des dépenses publiques”, relèvent-ils aussi. Dans un autre registre, le FMI souligne la croissance des dépôts et du crédit à l'économie qui est restée forte. “Les banques algériennes ne recourent pas au financement extérieur et continuent à bénéficier d'une solide croissance des dépôts, bien que celle-ci se soit quelque peu modérée depuis la fin de 2009”, précise le Fonds. La Banque d'Algérie (BA) a poursuivi sa politique d'absorption de la liquidité excédentaire engendrée par les dépenses du programme d'investissement public (PIP) et le secteur des hydrocarbures. Globalement, le “crédit à l'économie a progressé de 12,5 %. La croissance du crédit au secteur public est restée à un niveau élevé tandis que celle du secteur privé (entreprises et ménages) a légèrement baissé sous l'effet d'une baisse du crédit aux ménages à la suite de l'interdiction des prêts à la consommation depuis août 2009”, remarquent les rédacteurs du rapport. Si les deux parties s'accordent à dire que des politiques macroéconomiques qui ont permis de maintenir une position financière très confortable, devraient être poursuivies. En revanche, les réformes structurelles n'ont, expliquent les experts du FMI, pas été aussi ambitieuses tel que suggéré par les services du FMI. Une pression fiscale “très élevée” sur les entreprises ! “Les autorités ont poursuivi la mise en œuvre d'un important PIP destiné à améliorer l'infrastructure et rehausser le potentiel de croissance. Néanmoins, la récente augmentation sensible des salaires de la Fonction publique retardera le rééquilibrage budgétaire requis à moyen terme pour préserver la capacité de l'Algérie à surmonter des chocs négatifs des prix du pétrole”, mentionnent-ils. Après plusieurs années de baisse de la production, le secteur des hydrocarbures devrait donc se stabiliser, d'après le FMI mais ne contribuera que peu à la croissance globale. La croissance hors hydrocarbures devrait rester ferme avec la poursuite des dépenses du PIP et du programme d'investissements dans le secteur des hydrocarbures en cours. Ainsi, le PIB hors hydrocarbures pourrait croître d'environ 5,3 % en 2011 et contribuer à une croissance globale de 3,7 % en 2011. Par ailleurs, les comparaisons avec d'autres économies de marché émergentes montrent qu'en Algérie, la pression fiscale sur les entreprises est très élevée. L'allégement de cette pression faciliterait les affaires et appuierait la lutte contre le secteur informel.