Après des décennies de disette, le pays réapprend à exporter des produits autres que les hydrocarbures. L'exemple le plus édifiant est enregistré dans le secteur de l'agriculture qui vient de réaliser de nouvelles opérations d'exportation. La palme d'or est revenue à la filière pomme de terre qui, de par la qualité de ce tubercule, l'excédent dans les quantités produites et le courage des agriculteurs, décide d'aller à la conquête d'autres marchés en bravant tous les écueils bureaucratiques et le manque de soutien de la part des responsables concernés. Avec une production moyenne annuelle de 4,5 millions de tonnes, l'Algérie devient progressivement un gros producteur de pommes de terre. Une fois le marché domestique satisfait, les pistes à l'export devront, en principe, s'ouvrir systématiquement. Un nombre de plus en plus important d'opérateurs se lance, à la fois, dans l'exportation, la transformation et le conditionnement du tubercule. Ils ciblent des marchés accessibles comme la Russie, les pays du Golfe et ceux du sud de l'Europe. Des agriculteurs expérimentés arrivent à décrocher des contrats avec des clients en Espagne, au Golfe... Ce n'est pas, faut-il le préciser, l'unique acte d'exporter accompli par des exportateurs. Il a été exporté d'ores et déjà quelque 287 tonnes de pommes de terre à partir de Mostaganem vers l'Europe. L'exportation concrétisée par des opérateurs privés depuis le port de Mostaganem vers l'Espagne, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas, a été favorisée par le surplus constaté dans la production de pommes de terre hors saison dépassant les 900 000 tonnes, réalisée sur une superficie de 3 623 ha, soit un rendement variant entre 230 et 250 quintaux à l'hectare. Mieux, environ 490 tonnes de variété Spunta d'El-Oued ont été acheminées vers la Russie. La quantité exportée est une variété cultivée dans les exploitations agricoles sises dans la localité de Trifaoui dans la wilaya d'El-Oued. Cette même variété, Spunta, est également cultivée dans les localités de Hassi-Khelifa, Magrane, Reguiba, Guemmar et Ourmès. Cependant, ces exportateurs déplorent le manque de mécanismes d'accompagnement à l'exportation des produits maraîchers. Ils recommandent, à ce propos, une augmentation du niveau de soutien financier au transport de ces produits à 80% au lieu des 50% appliqués actuellement, ainsi qu'un allègement des procédures administratives relatives au paiement de cette prime. Ils revendiquent aussi une prime à l'export. La création de nouvelles infrastructures et la mise en place d'une industrie de transformation constituent les autres difficultés qui découragent encore les opérateurs à investir ce créneau juteux, couronné par trois récoltes de pommes de terre dans l'année. Par ailleurs, cette embellie dont jouit la filière, a dévoilé un grand déficit en chaîne logistique, notamment pour le stockage et le conditionnement, deux activités impératives pour organiser l'offre et réussir à la projeter dans l'exportation... B. K.