La rivalité idéologique entre l'Iran et l'Arabie saoudite transparaît dans les relations des deux pays à l'Opep. Ils s'en servent au gré des conjonctures. L'Arabie saoudite veut un gel de la production pétrolière à son niveau de janvier, une proposition à laquelle ont adhéré quinze pays pétroliers dont la Russie, le Venezuela, l'Algérie, le Koweït, le Nigeria... L'Iran n'est pas favorable. Téhéran n'a pas l'intention de toucher à sa production. Et, il le fait savoir, le pays a affirmé qu'il ne pourra pas participer au gel de la production, dans le cadre de consultations entre pays membres et non-membres de l'Opep, que si sa production augmente sensiblement, pour atteindre quatre millions de barils par jour. Téhéran, ayant besoin de liquidité pour renflouer ses caisses, place ainsi la barre haut. Objectif réalisable ? Il compte se dérouiller tout seul pour l'atteindre. L'Iran veut en fait retrouver son statut de gros producteur et reconquérir ses parts de marchés, après une période de disette, à la suite de sanctions sur le secteur de l'énergie dont il avait fait l'objet. Il a l'ambition de le faire, quitte à brader son pétrole et faire concurrence à l'Arabie saoudite qui propose, elle aussi, du pétrole au rabais. Le pays pourra toujours rentrer dans ses frais, parce que le coût de revient de son pétrole n'est pas élevé (le prix de revient de l'extraction en Iran se situe autour de 3 à 7 dollars le baril). Aussi, la dépression pétrolière, avec un baril à 30 dollars, Téhéran s'en accommode commodément. L'Iran était le deuxième plus grand producteur de pétrole de l'Opep avant l'introduction de sanctions en 2012. Néanmoins, l'attitude de l'Iran le fera passer pour un rabat-joie, dans une conjoncture difficile où l'Opep tente de mettre de la cohésion en son sein, à quelques semaines de la réunion de Doha, une rencontre présentée comme importante et qui devrait entériner l'accord de gel de la production conclu le 16 février dernier dans la capitale qatarie. Pendant ce temps, les cours de l'or noir continuent d'alterner hausse et baisse, dans une bande fluctuante qui ne dépasse pas les 42 dollars. Hier, par exemple, le prix du baril de light sweet crude, appelé aussi Texas Light Sweet, une variation de pétrole brut qui tient lieu de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange, la Bourse spécialisée dans l'énergie), pour livraison en avril, cédait 43 cents à 39,01 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en mai, fléchissait, lui, perdant 16 cents à 41,04 dollars. Depuis la mi-2014, les prix du pétrole ne cessent de flancher, une situation qui a été amplifiée par la décision de l'Opep de maintenir inchangés ses quotas de production à 30 millions de barils par jour. Youcef Salami