La menace était donc "sérieuse" au point de transformer une conférence nationale en congrès extraordinaire pour reconduire Louisa Hanoune à la tête du Parti des travailleurs et faire, à l'occasion, la purge des "comploteurs" au sein du comité central. L'aveu est de la patronne du PT. Les travaux du congrès extraordinaire du PT ont été clôturés hier, dans une ambiance qui donnait l'image d'un parti plus que jamais soudé autour de Louisa Hanoune, reconduite dans son poste de secrétaire générale pour la huitième fois. Le Village des artistes de Zéralda, à l'ouest d'Alger, qui a abrité l'événement, résonnait sous les acclamations, les applaudissements et les youyous des congressistes. L'émotion était si grande qu'une partie de l'assistance a fondu en larmes, lorsque la moudjahida Zohra Drif-Bitat, invitée d'honneur aux côtés de l'ancienne ministre Khalida Toumi, a pris la parole pour exprimer ses félicitations et surtout ses encouragements. C'était comme un grand moment de soulagement après la "tentative de putsch" au sein du parti. Louisa Hanoune qui, jusque-là, n'a jamais reconnu l'ampleur du danger que représentait le mouvement de dissidence sur l'existence du PT a lâché le morceau dans une conférence de presse, à la clôture du congrès salvateur. "La menace était sérieuse. Ce n'est pas le nombre des exécutants à l'intérieur du parti qui inquiétait, mais leurs commanditaires. Une mafia voulait détruire le parti de sa direction et le mettre entre les mains d'opportunistes et autres affairistes. Il y a eu une opération criminelle contre le parti et ses cadres dirigeants. Les plus vils procédés comme la terreur et le chantage ont été utilisés contre le parti et ses militants. Il y a eu comme une tentative de coup d'Etat", a-t-elle révélé, sans toutefois citer de noms. Elle pense qu'ils sont facilement identifiables, pour les avoir déjà dénoncés publiquement. Transformer une conférence qui se voulait dédiée aux cadres du parti en congrès extraordinaire était donc une manœuvre "nécessaire", pour reprendre ainsi le propos de Louisa Hanoune. La démarche a aussi contribué à écarter une dizaine de "comploteurs" du comité central du parti, dont le chef de file du mouvement de redressement, le député Salim Labatcha, à la faveur d'une nouvelle liste commune composée de 105 membres, proposée par la patronne du PT et approuvée par les congressistes. "Les structures du parti sont restées indemnes et le PT est plus que jamais renforcé. Ils ne peuvent plus rien contre la SG du parti et sa direction, même s'ils peuvent toujours tenter une autre approche", s'est-elle félicitée, tout en considérant avoir pris de court ses détracteurs, à travers ce qu'il y a lieu d'appeler désormais un "congrès purge". Par ailleurs, Louisa Hanoune a été invitée, à nouveau, à commenter le retour de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, au pays. La SG du PT, qui a expliqué que son parti "ne peut pas se substituer à la justice", pense, cependant, que "puisqu'il y a eu mandat d'arrêt contre lui, et quand bien même il aurait été annulé, la justice se devait de le convoquer pour l'écouter". En l'absence d'éléments, dit-elle, le parti attend de voir, "comme tous les citoyens algériens, le développement des choses". Elle met d'ailleurs en garde contre ce que la rumeur a, jusque-là, avancé comme scénarios possibles. "Attention à la provocation contre le peuple. N'importe quelle provocation peut être l'étincelle...", a-t-elle averti. Sur insistance de la presse, Louisa Hanoune, qui s'est montrée quelque peu prudente dans ses déclarations concernant le come-back de l'ancien ministre de l'Energie, a fini par lâcher le morceau : "Oui, je confirme détenir des informations sur des dossiers de corruption et qui n'émanent pas d'instances nationales. Il y a des enquêtes ouvertes dans plusieurs pays étrangers et qui impliquent des choses très graves." Enfin, Louisa Hanoune ne pouvait pas achever son intervention sans évoquer l'un des sujets qui lui tient le plus à cœur : l'endettement extérieur. "Je doute fort que le président de la République soit un des partisans de cette option qui remet en cause la souveraineté du pays, pour l'avoir fermement dénoncée par le passé", a-t-elle soupçonné. Mehdi Mehenni