Le fait d'avoir organisé des rencontres locales et régionales sans accroc a, à l'évidence, été accueilli avec beaucoup de soulagement par la direction du parti. Pour un coup de théâtre, c'en fut un. Louisa Hanoune a réussi hier, en un tour de main, à transformer la conférence nationale de son parti, organisée au Village des artistes de Zéralda, en congrès extraordinaire dans une démonstration destinée à couper l'herbe sous le pied à ses détracteurs, notamment au sein de ce qui est convenu d'appeler le mouvement de redressement du Parti des travailleurs. Et si l'annonce en elle-même reste une surprise pour les représentants de la presse nationale, visiblement l'entreprise est cousue de fil blanc de sorte à ne laisser aucune faille dans la préparation et la mise œuvre de "cette réponse politique". "Le parti est sorti indemne de cette opération de déstabilisation. Et là, c'est notre réponse politique", a, d'ailleurs, expliqué Mme Hanoune après la levée de la séance d'ouverture de la conférence-congrès. La secrétaire générale du PT donnait l'impression de savourer ce moment, sans aucun doute important pour la vie de sa formation, surtout qu'une atmosphère d'unanimisme régnait sur la grande salle du Village des artistes. "Je tiens à rendre hommage à tous ceux qui ont travaillé durant un mois et vingt jours pour mener à bien cette mission qui n'était pas de tout repos", s'est-elle d'ailleurs félicitée. Le fait d'avoir organisé, dans le cadre de la préparation de ce qui était présenté au début comme une conférence nationale du parti, des rencontres locales et régionales sans accroc a, à l'évidence, été accueilli avec beaucoup de soulagement par la direction du PT. Seules deux wilayas ont failli et n'ont pas désigné de délégués à ce sommet du parti, M'sila et Laghouat en l'occurrence. Une situation due, selon toute vraisemblance, à la dissidence menée par des militants réfractaires à la ligne actuelle du parti. Sinon, un membre de la commission de préparation de la conférence nationale, appelé à la tribune, a exhibé, non sans fierté, les chiffres relatifs à la participation. En effet, sur 506 délégués désignés par la base, 495 sont présents à Zéralda, pour une représentation qui a concerné 46 wilayas sur 48. Visiblement, toutes les dispositions ont été prises pour faire en sorte que l'entreprise passe comme une lettre à la poste. À commencer par la présence d'un huissier de justice, invité pour la circonstance à contrôler la représentation et le déroulement des travaux du congrès extraordinaire. Le quorum étant largement atteint, la proposition de la patronne du PT de transformer la convention nationale en congrès extraordinaire a recueilli l'unanimité des voix de l'assistance. Et les applaudissements nourris et les youyous qui ont ponctué le vote en question ont, malgré tout, été perçus comme une délivrance par la direction et les militants du PT. La salle complètement acquise à la cause, la direction du PT pouvait poursuivre sans encombre son entreprise de "relégitimation" des instances du parti pour se débarrasser, une bonne fois pour toutes, de ceux qui ont osé "comploter" contre elle. Et comme pour montrer que les rangs du parti étaient désormais soudés autour de Louisa Hanoune et, par ricochet, adresser un message à leurs détracteurs, les délégués ne se sont pas fait prier pour désigner leur SG comme présidente du congrès extraordinaire. Louisa Hanoune sera-t-elle candidate à sa propre succession ? Naïve, à l'évidence, la question embarrasse quelque peu la patronne du PT pour qui "la question ne se pose pas". "Je ne me présente jamais de mon propre gré. Les militants du parti ont toujours élu démocratiquement leurs dirigeants. Cela fait partie du choix souverain des militants", botte-t-elle en touche. Certes, il ne faut surtout pas s'attendre à une surprise à ce propos, même si quelques nouvelles têtes devraient émerger au sein de la direction du parti. Dans un discours inaugural qui ressemblait à s'y méprendre à un bilan moral de la direction sortante, Louisa Hanoune a, tout en rappelant les positions phares prises par son parti ces dernières années par rapport aux questions nationales et internationales, les yeux rivés sur l'avenir. Ses orientations prennent la forme de lignes rouges à ne pas dépasser. C'est ainsi le cas pour la position du parti concernant l'alliance de l'opposition. "On ne rejoindra pas l'alliance de l'opposition. On peut être d'accord sur des questions précises, mais on ne peut pas arrimer le parti à une alliance organique qu'elle soit issue de l'opposition ou du pouvoir. Le parti tient à la souveraineté de ses positions", assène-t-elle, à ce sujet. Hamid SaIdani