Les violences répétées contre des migrants installés à Béchar ont fait réagir la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), aile de Me Benissad. Dans un communiqué rendu public, hier, la Ligue a exigé une enquête "sérieuse et impartiale" sur "les allégations d'une éventuelle victime et sur les auteurs de cette attaque qui a ciblé un groupe d'individus sur la base de leur couleur et de leur situation d'étranger". Le communiqué a rappelé que le vendredi 24 mars 2016, des violences "d'une extrême gravité" opposant des habitants de la cité OPGI et des migrants installés, depuis des mois dans cette ville ont eu lieu à Béchar. La Ligue a déploré "plusieurs blessés" dans les deux camps dont "des dizaines de migrants parmi lesquels des femmes et des enfants". Selon le même communiqué, tout a commencé vendredi, dans la matinée, quand "un groupe d'individus a attaqué les migrants avec des pierres et autres armes blanches" dans le but, a ajouté la Ligue, "de déloger ces derniers de leur lieu de vie, qui n'est autre qu'un centre commercial abandonné". "Le motif invoqué serait qu'une fillette aurait été victime d'une tentative d'agression de la part d'un ou de plusieurs migrants", souligne la Ligue, ajoutant que ces informations ont été démenties et réfutées par les migrants, lesquels "parlent d'une machination qui viserait à les chasser de ce refuge". C'est à ce moment, relate encore le communiqué, que "les autorités locales ont obligé les migrants à quitter la ville, nombre d'entre eux sont arrivés à Oran". Tout en dénonçant "ces violences, assimilables à une expédition punitive d'une autre époque", la Ligue s'est dit "préoccupée par la répétition de ces actes qui doivent fortement interpeller l'ensemble de la communauté nationale sur les risques du développement d'une xénophobie et d'un racisme insupportables dans un pays qui en a beaucoup souffert et qui sont une injure aux valeurs humanistes universelles professées par les militants du mouvement national algérien et de l'indépendance". Estimant que cette perversion xénophobe et raciste est une violence extrême qui a des effets destructeurs graves sur l'ensemble de la société, la Ligue indique qu'il faut s'y opposer "par les moyens de la loi et par l'implication forte des acteurs de la vie sociale". Constatant, par ailleurs, que "des discours de divers horizons ne contribuent pas à apaiser les esprits", ces derniers n'échappent pas, ajoute-t-elle, "aux stéréotypes et autres clichés concernant la réalité de la migration en Algérie". M. Mouloudj