Les initiatives de soutien au président de la République des partis pro-pouvoir se multiplient et se croisent au lieu de rassembler. C'est à croire que le projet d'"alliance bis" autour du programme d'Abdelaziz Bouteflika n'est qu'un alibi pour l'affirmation d'égocentriques ambitions partisanes. Ahmed Ouyahia rend la pareille à Amar Saâdani. Il se retient d'engager le RND derrière la locomotive FLN, baptisée Front national de soutien au président Abdelaziz Bouteflika. Rétorquant quasi promptement à son homologue du Rassemblement national démocratique qui, en juin dernier, avait proposé de remettre sur pied l'alliance présidentielle, le secrétaire général du Front de libération nationale avait clairement signifié que son parti n'est pas de "rang" à s'accommoder d'un rôle de suiviste. Il a alors de suite évoqué une initiative propre : un front élargi. Amar Saâdani damait le pion au directeur de cabinet de la présidence de la République. Ce dernier ne s'avoue pas désarmé. Mieux, il reste accroché à son projet qu'il fait entériner par le bureau politique du parti. "Chaque parti de la majorité, y compris le RND, a fait une proposition. Cela mûrira avec le temps en vue de dégager une action commune", a résolu le BP réuni vendredi à Alger. La divergence entre les deux partis aurait été politiquement compréhensible et ordinaire si son motif ne se confinait pas dans le soutien à la personne et au programme du président de la République. En février 2004, une alliance présidentielle, la première du genre, a vu le jour pour servir les desseins politiques d'Abdelaziz Bouteflika. Une seule initiative, une seule annonce et une présidence tournante entre le FLN, le RND et le MSP. Abdelaziz Bouteflika, qui devait briguer un second mandat dans les conditions politiques que l'on sait, était l'ordonnateur de ce pôle de soutien. Un pôle qui aura vécu huit longues années, avant le retrait du Mouvement pour la société et pour la paix en 2012. Plus de trois ans après, un projet d'alliance "bis" est remis au goût du jour. Dans des formes autres. Cette fois-ci, les initiatives et les offres de service en direction du président de la République se multiplient et se croisent, mais ne rassemblent pas. C'est à croire que le projet d'"alliance bis" autour d'Abdelaziz Bouteflika ne sert plus que d'alibi. Les partis pro-pouvoir tentent, chacun de son côté, de s'imposer en locomotive pour indiquer la direction à suivre. Celle traçant et engageant l'avenir de l'Algérie. Amar Saâdani s'était d'ailleurs bien fait comprendre, dimanche dernier, à l'ouverture de la première réunion du nouveau comité central de son parti : "Le FLN ne peut pas être dans le rôle d'un parti des seconds rôles, prenant la direction que décident et dictent d'autres formations politiques. C'est le FLN qui doit montrer le chemin et assumer les responsabilités qui en découlent." Au lendemain de ces déclarations, annonçant une offre publique d'adhésion au "Parti-Etat", les deux autres formations politiques dites de la mouvance présidentielle, en l'occurrence Taj d'Amar Ghoul et le MPA d'Amara Benyounès, ont manifesté peu d'enthousiasme. Le MPA a préféré attendre l'ouverture de son université d'été, avant-hier, vendredi, pour entendre son chef rappeler son soutien et sa fidélité à Abdelaziz Bouteflika. Il ne fera pas la moindre allusion à la proposition du FLN. Taj n'a pas caché son attachement à sa propre offre de service : "Le rempart national pour relever le défi." C'est dire à quel point la guerre des initiatives fait rage. Le SG de l'Alliance nationale républicaine (ANR), Belkacem Sahli, l'a d'ailleurs bien compris. Son appel à la création d'"une base politique du pouvoir", jeudi, à l'ouverture de l'université d'été de son parti, n'est pas fortuit. Dans une déclaration à Liberté, il avait soutenu que "comme l'opposition regroupée au sein de la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CLTD), les partis de la mouvance présidentielle doivent se liguer pour faire contrepoids". Reste à savoir si Abdelaziz Bouteflika est toujours en mesure de rassembler pour la réussite d'un tel projet ? M. M.