En se rendant vendredi à la zaouïa de Si-M'hamed-Ben-Merzoug, l'ex-ministre de l'Energie s'en est allé quêter l'onction rédemptrice des cheikhs, en prévision de son retour sur la scène politique. Maintenant que le processus de réhabilitation de Chakib Khelil est définitivement enclenché, avec, en prime, une apparition publique conçue comme seconde étape de son retour, l'on se demande quelle destinée est réservée à celui qu'on a présenté comme victime de la justice de son pays ? La sortie médiatisée de l'ex-ministre de l'Energie dans la zaouïa de Si-M'hamed Ben-Merzoug de Djelfa en ce premier avril n'est surtout pas un canular. Elle n'est pas destinée à amuser la galerie avec un poisson en ce début du mois printanier. Réfléchie et calculée qu'elle était, tout a été mis en œuvre pour réussir le coup, la sortie publique de Khelil et sa prise de parole relayée par deux médias qui se trouvaient par pur hasard dans les parages, renseignent, tout au moins, sur quelques aspects du plan de réhabilitation de l'ex-ministre. Selon Amar Saâdani, le retour de Khelil ne se résumera pas à l'innocenter des griefs retenus par la justice contre lui, mais il ira au-delà. Saâdani crie sur tous les toits que le pays a besoin plus que jamais des compétences de l'ex-ministre. À comprendre que Chakib Khelil ne se contenterait pas d'un simple retour au bercail pour reprendre la vie d'un citoyen lambda. Donc, quel avenir politique immédiat pour Chakib Khelil dont le plan de réhabilitation a déjà franchi la première étape ? Son retour triomphal, avec un accueil officiel par le wali d'Oran, le prédestinait-il à une reprise de son poste de ministre de l'Energie ? Rien n'est moins sûr puisque lui-même se dit "être au service de son pays" et "prêt à aider dans n'importe quel domaine". L'hôte de la zaouïa s'est même refusé de se lancer dans une polémique contre ceux désignés comme instigateurs du complot contre lui. Il a préféré parler "d'avenir", puisque la polémique "ne réglera rien", allant jusqu'à orienter le débat de l'heure sur "d'autres problèmes notamment économiques" que vit le pays. D'aucuns estiment que le retour de Khelil aux affaires ne se fera pas de sitôt, du moins pas lors du prochain remaniement qu'on a donné comme imminent. Les observateurs expliquent que sa réhabilitation fait face à la problématique judiciaire. Le procureur général de la Cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, avait annoncé, le 12 août 2013, la décision de l'Algérie de lancer un mandat d'arrêt international contre l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, sa femme, ses deux enfants et Farid Bédjaoui. Même si le mandat s'était heurté, avait-on dit, à un vice de forme, donc annulé et le procureur à l'origine du mandat a été limogé, il n'en demeure pas moins que la justice algérienne s'est prononcée contre le ministre, d'où l'impératif, pour rester dans le discours de Saâdani, de réparer l'injustice faite à Khelil. Une fois cet écueil dépassé, il songerait à une reprise en main de son ancien portefeuille au sein du gouvernement. D'autres observateurs ont carrément désigné Khelil comme probable successeur de Bouteflika. Si la thèse paraît quelque peu "osée", elle reste tout de même une option envisageable pour un pouvoir qui ne fait jamais dans la demi-mesure quand il s'agit de son maintien... M. M.